2.3.1.2. Analyse et mesure des inégalités

A titre préliminaire, il convient de souligner que l’on n’observe pas de réelle perte de niveau de vie entre les familles (25-59 ans) et les couples de 60-74 ans. La situation des personnes seules de la même tranche d’âge apparaît plus fragile. Il s’agit en effet le plus souvent de femmes, n’ayant en général jamais exercé d’activité professionnelle et ne percevant qu’une pension de réversion [David et Starzec, 1996].

Les niveaux de mobilité à longue distance des retraités les plus jeunes sont très fortement discriminés selon le revenu du ménage (Tableau 96). Si les écarts entre quintiles extrêmes sont si importants, c’est sans doute parce que « [la retraite] est l’âge où les disparités dans les conditions de vie, cristallisées et amplifiées tout au long de la vie, sont les plus larges » [Pochet et Schéou, 2002, p 31]. Ainsi mesurées grâce aux indices de concentration les inégalités sont de même ordre, voire plus importantes encore que les inégalités de revenu.

Tableau 96 : Ecarts inter-quintiles et indices de concentration des niveaux de mobilité à longue distance des retraités de 60-74 ans
  Retraités en couple Retraités vivant seuls
  Q5/Q1 Indice de concentration Q5/Q1 Indice de concentration
Nombre de voyages 3,6 0,277 3,2 0,236
Distances (km) 2,2 0,265 6,6 0,439
Nuits d’absence 2,6 0,216 2,4 0,204

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Parmi les retraités en couple, on observe une gradation progressive et régulière des niveaux, des plus modestes jusqu’aux retraités les plus fortunés qui s’affranchissent largement des contraintes d’âge et de génération : ils réalisent ainsi 9,5 voyages par an, parcourent 8200 km et s’absentent près de 50 nuits, ce qui les distingue très nettement des retraités des autres quintiles (Graphique 106, Graphique 107).

Graphique 106 : Nombre de voyages et distances parcourues selon le revenu, chez les retraités de 60-74 ans, en couple ou seuls
Graphique 107 : Nuits d’absence et taux de départ selon le revenu, chez les retraités de 60-74 ans, en couple ou seuls

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Parmi les personnes seules de la même tranche d’âge, l’évolution des niveaux de mobilité selon le revenu se caractérise par un décrochage vers le haut des retraités rattachés aux deux derniers quintiles, alors que les différences sont très faibles entre les trois premiers quintiles (Graphique 106, Graphique 107). Enfin, quel que soit leur statut matrimonial, l’augmentation des revenus se traduit par des activités plus diversifiées.

Étant donné la forte incidence de la motorisation sur les niveaux de mobilité, nous proposons ci-dessous d’analyser les inégalités en distinguant les individus selon la motorisation ou la non-motorisation de leur ménage de rattachement. Lorsque l’analyse par quintile ne peut être effectuée, les commentaires seront fondés sur la valeur des indices de concentration.