3.1. Les inégalités de mobilité à longue distance touchent tous les ménages

Les inégalités de mobilité à longue distance sont présentes chez tous les individus, indépendamment des caractéristiques du ménage de rattachement (Graphique 110). C’est après 60 ans qu’elles sont le plus prononcées, en particulier chez les personnes vivant seules. L’analyse des niveaux de mobilité selon le revenu met en évidence un clivage important entre d’un côté des retraités aisés, adeptes de loisirs et de vacances, souvent propriétaires d’une résidence secondaire, et disposant d’un réseau relationnel étendu et d’un autre côté, des retraités peu enclins à se déplacer à longue distance par incapacité physique, manque de moyen de transport et d’argent, et subissant parfois un isolement relationnel important.

Chez les individus en âge d’être actif, les écarts selon le revenu sont moins importants. Chez les célibataires comme chez les couples, seules les distances parcourues apparaissent fortement influencées par le revenu. Les destinations lointaines restent réservées aux plus aisés, tandis que la fréquence des voyages et le nombre de nuits d’absence sont assez indifférenciés. La mobilité des couples avec enfant fait émerger de nouvelles problématiques qui l’écarte du schéma précédent. Le fait de se déplacer à plusieurs augmente tous les coûts (transport, hébergement, activités …) et suppose le respect des périodes de vacances scolaires qui sont les plus prisées et donc les plus chères. Ainsi, chez les familles les inégalités portent sur tous les indicateurs de niveaux et sont en moyenne de même ordre que les inégalités de revenu.

Graphique 110 : Indices de concentration des indicateurs de niveaux de mobilité individuelle à longue distance selon le ménage de rattachement

Les individus appartenant à un ménage dont la PR est étudiante ne sont pas pris en compte dans la typologie

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Ces résultats vont dans le sens des précédents travaux conduits sur la mobilité non locale. Ainsi, l’approche dynamique menée par Orfeuil et Soleyret [2002] montre plutôt une dégradation de la situation entre 1982 et 1994 : sur la période on observe en effet un rattrapage des catégories modestes concernant la mobilité locale qui ne se vérifie pas sur la mobilité à longue distance (tous motifs confondus) : « sur ce segment, la croissance est même légèrement plus élevée dans les catégories les plus aisées de la population » [Orfeuil, Soleyret, 2002, p. 216]. De même, si on se limite au motif de vacances on observe un très net ralentissement des départs depuis 1999 [Viard, 2002]. « La réalité des mobilités vacancières est complexe et contrastée : les mobilités individuelles s’affirment et se diversifient, mais leur diffusion sociale apparaît comme assez bloquée et leur pratique toujours très ségrégative, avec, même des disparités accusées face aux départs multiples » [Cazes et Potier, 2002, p. 51].