3.3. Des inégalités qui se matérialisent principalement sur la fréquence des voyages

La mobilité à longue distance est une mobilité coûteuse et donc susceptible de marginaliser durablement les plus vulnérables, déjà confrontés aux difficultés du quotidien. Les dépenses investies dépassent la simple sphère du transport puisque l’accès à certaines activités, notamment les loisirs et les vacances, suscite des coûts élevés, auxquels s’additionnent souvent des frais d’hébergement une fois sur place.

La saisie rétrospective des déplacements à longue distance pour motifs personnels montre que le nombre de voyages réalisés dans l’année et les distances qui leur sont associées font plus que tripler du 1er au dernier quintile. En revanche, la répartition des voyages par motif reste stable quels que soient le revenu et la position de l’individu dans le cycle de vie. En résumé, tous les motifs de déplacement augmentent dans des proportions similaires avec le revenu. On peut donc avancer, qu’à notre échelle d’observation, il n’existe pas d’activités réservées aux plus aisés et d’autres aux plus modestes.

L’autre résultat sur lequel il convient d’insister est l’intensité avec laquelle les activités à plus de 100 km sont pratiquées par les plus aisés. En effet, la fréquence des voyages augmente plus que proportionnellement avec le revenu, ce qui confère à la mobilité de longue distance le statut d’une consommation supérieure alors que l’évolution des niveaux de mobilité quotidienne s’apparente à celle d’une consommation primaire. D’une manière générale, quel que soit le groupe de cycle de vie analysé, on observe un très net accroissement des niveaux de mobilité des individus rattachés au dernier quintile qui se distinguent significativement de la moyenne (Graphique 111, Graphique 112). Ce résultat laisse penser que si la mobilité à longue distance est entrée dans la norme, sa pratique régulière reste encore l’apanage des classes aisées. L’augmentation des distances résulte à la fois de la multiplication des voyages, mais également d’un éloignement du domicile en moyenne plus important chez les individus du dernier quintile qui se déplacent plus fréquemment au-delà des frontières nationales.

Graphique 111 : Nombre de voyages par quintile extrême selon le type de ménage de rattachement
Graphique 112 : Distances parcourues par quintile extrême selon le type de ménage de rattachement

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural