2.2.2. Un pouvoir « homogénéisateur » dépendant du type de mobilité…

Au quotidien, les inégalités de mobilité déjà faibles observées au plan global diminuent encore parmi les accédants au volant. Il s’agit là d’un résultat majeur de notre travail. En effet, nous avons montré que parmi les individus disposant d’un accès effectif et régulier au volant, le revenu n’exerce plus d’impact sur les pratiques de mobilité. En d’autres mots, entre le haut et le bas de la distribution des revenus, on se déplace aussi fréquemment, sur des distances identiques et en y consacrant autant de temps.

Néanmoins, cette uniformisation n’est que temporaire, puisque le week-end on observe de nouveau des inégalités sur les pratiques de mobilité des accédants au volant. Dans ce contexte moins contraint, les effets additionnels du revenu se concentrent sur les déplacements de loisirs et sur les « grandes » sorties de week-end. Tout se passe comme si les coûts financiers de la mobilité, consentis durant la semaine afin de répondre aux exigences du quotidien, entravaient la mobilité dite « libre » de fin de semaine lorsque les budgets sont serrés et rendaient plus inaccessibles les activités souvent coûteuses de loisir. Si la moindre participation sociale des plus modestes le week-end peut également s’expliquer par des modèles culturels moins tournés vers l’extérieur, les réajustements financiers qu’implique le standard de mobilité imposé au quotidien constituent vraisemblablement une piste de recherche intéressante, que nous aurions souhaité approfondir davantage.

La mobilité de longue distance réalisée pour motifs personnels étant plus familiale, nous avons tenu compte du niveau de motorisation du ménage pour analyser les pratiques. Disposer d’une voiture particulière apparaît comme une condition nécessaire mais pas suffisante à la réalisation de déplacements à longue distance. Parmi les ménages motorisés, les inégalités de pratiques de mobilité à longue distance demeurent très significatives, quelles que soient les étapes du cycle de vie du ménage. L’accès à la voiture particulière ne garantit pas l’accès aux voyages qui sont aujourd’hui fortement valorisés dans la société. Ceux-ci nécessitent des capacités d’organisation et génèrent des coûts (hébergement, activités…) qui dépassent souvent les questions de transport.