1.1.2. En production écrite de mots

La production écrite de mots isolés se confond souvent dans la littérature avec le mot « orthographe » (Zesiger, 1995 ; Rieben, Fayol & Perfetti, 1997). Afin de ne pas prêter à confusion, dans la mesure où nous travaillons sur le sous-principe phonographique, nous garderons dans la suite de notre développement les termes « production écrite de mots ». Toutefois, pour une définition, nous nous référons à celle relative aux processus orthographiques proposée par Zesiger (1995, p.8). Les processus orthographiques rassemblent « des opérations qui nous permettent soit de savoir que le mot [m] s’écrit m-a-n-t-e-a-u (et non m-e-n-t-o, par exemple), soit des séquences de lettres pour traduire des séquences de sons qui ne nous sont pas familières ».

On retrouve en production écrite l’architecture fonctionnelle décrite en identification de mot entre un traitement du mot par voie d’adressage et un traitement du mot par voie d’assemblage. Nous reprenons ici le modèle décrit par Zesiger (1995, voir aussi Zesiger & de Pratz, 1997) lui-même inspiré de celui proposé par Caramazza et Miceli (1989). Lorsque la forme phonologique du mot à écrire est connue, le traitement passe par la voie d’adressage : une fois la forme acoustique du stimulus traitée, elle est transmise au lexique phonologique d’entrée. L’information peut alors transiter par le système sémantique (activation de la représentation sémantique du mot), bien que cela ne semble pas systématique (pour une revue de question sur ce point, voir Zesiger, 1995). La représentation graphémique liée au stimulus est alors activée dans le lexique graphémique. Cette représentation spécifie la séquence de graphèmes qui forment le mot. Celle-ci est alors stockée, le temps de la production, dans la mémoire tampon graphémique.

Lorsque la forme phonologique du mot est inconnue du sujet, le traitement passe par la voie d’assemblage : suite au traitement de la forme sonore du stimulus, la représentation phonologique du stimulus inconnu est provisoirement stockée dans une mémoire tampon phonologique. Un processus de segmentation se met alors en place qui « découpe » le stimulus en unités phonologiques. Puis celles-ci sont associées aux représentations graphémiques correspondantes, via le processus de conversion phonèmes graphèmes. Cette séquence de graphèmes sera alors stockée le temps de la production dans la mémoire tampon graphémique. Campbell (1983, 1985 cités par Zesiger, 1995) suggère que les pseudo-mots peuvent également être écrits par analogie avec des mots existant dans le lexique graphémique du sujet.

En identification de mots comme en production écrite, cette architecture fonctionnelle suppose l’existence d’un lexique mental, « lieu » où serait réuni « l’ensemble de représentations en mémoire pour chaque mot connu » (Ferrand, 2001, p.13).