2.1.2.2. En production écrite de mots

Nombreux sont les travaux conduits sous l’angle de la construction du principe phonographique chez l’enfant apprenti-scripteur qui insistent sur le fait que les habiletés s’acquièrent peu à peu. L’enfant applique des savoirs nouveaux, sans renoncer immédiatement, ni systématiquement à ses fonctionnements antérieurs (Ferreiro, 1988 ; Ferreiro & Gomez-Palacio, 1988 ; Besse, 1993 ; Besse & ACLE, 2000 ; Besse, Gargiulo & Ricci, 2003 ; Jaffré, 1992, 1995 ; Luis , 1993 ; Montesinos-Gelet, 1999). L’enfant pense le fonctionnement du système graphique en intégrant progressivement les caractéristiques du système, ce qui nécessite de sa part de mettre en place des opérations cognitives particulières. Le développement de l’activité conceptualisatrice en production écrite permet de montrer comment les traitements assimilent peu à peu l’organisation graphique, impliquant un « détour cognitif » (Jaffré, 1995, p. 138) entre la fonction sémiotique de l’Ecrit et son fonctionnement économique.

L’activité graphique débute autour de préoccupations visuo-graphiques, sans préoccupation liée à l’information phonologique. Très tôt, l’enfant écrirait de façon mimographique (Luis, 1993) en utilisant des marques graphiques particulières (lettres, pseudo-lettres, chiffres, ronds, …), marquant ainsi que l’écriture est un système de signes arbitraires. Puis, il prendrait en considération le fait qu’une forme écrite est porteuse d’une signification, sa production entre alors dans la catégorie sémiographique (Jaffré, 1992 ; Luis, 1993). Cette même catégorie se divise en sous-catégorie idéographique lorsque l’enfant produit la même configuration graphique pour exprimer une même idée (« voiture » et « auto ») et en sous-catégorie logographique (Besse, 2000 ; Jaffré, 1992 ; 1995 ; Luis, 1993)lorsqu’une même configuration graphique correspond à une unité signifiante du langage, même dans des contextes différents. A ce « stade », l’enfant n’établit pas encore de lien entre ce qu’il applique à l’écrit et l’ordre oral. En revanche, cette interface logographique (Jaffré, 1995)introduit la notion de systématisation de la forme écrite d’un mot ou d’une idée. Elle est largement encouragée lors de l’apprentissage de l’écriture du prénom (Besse, de Gaulmyn & Luis, 1993).