4.1.3.2. Analyse de la catégorie de l’erreur

Le raisonnement en termes de catégories d’erreurs suppose de traiter l’erreur en fonction de la perturbation qu’elle provoque au sein de l’item. Nous considérons ici l’erreur comme la différence observable entre l’item à oraliser selon les règles du sous-principe phonographique, ainsi que selon les règles de position et de distribution graphémique, et le produit oralisé.

Nous proposons les catégories d’erreurs suivantes, organisées du point de vue du produit oralisé :

Le phonogramme « s » est tributaire de ces règles de position et de distribution. En position initiale, il se prononce [s] dans « satinée », « sofa », « solide », « sute », « sila » et « sobine ». En position interne, il est entouré de lettres-voyelles et se prononce toujours [z] dans « tamisée », « dose » et « balisé ». En raison de la forte occurrence de cette règle et malgré les exceptions qui lui sont liées (exemple : asociale, asepsie,…, mots non présents dans l’échelle Dubois-Buyse), nous considèrerons erronée l’oralisation du phonogramme « s » par [s] dans les pseudo mots « paniso » et « mase ».Pour ces items, seule l’oralisation du phonogramme « s » par [z] sera acceptée.

Placé en initiale, le phonogramme « c » se prononce [k] dans « café » et [s] dans « cire » et cinéma ». Sa prononciation est ici tributaire de la distribution graphémique, en l’occurrence de la lettre-voyelle qui le suit. En finale, il se prononce [k] dans « médoc ». Sur 296 mots existant en langue française se terminant par un c, un dizième contiennent un c qui ne se prononce pas (Le Petit Robert, en CD-Rom). Cependant, parmi ces mots, certains sont très fréquents (tabac, porc, blanc, banc, mots présents dans l’échelle Dubois-Buyse). Par conséquent, nous acceptons comme correctes deux oralisations pour le pseudo mot « noc », soit [no] et [nok].

Enfin, certains items contiennent la lettre n. Elle est parfois placée en syllabe finale du mot, précédée d’un i et suivi d’un e muet, dans « patine », « farine » et « sobine ». La présence du e à fonction diacritique lui confère la fonction de phonogramme, oralisé [n]. Lorsque la lettre n est en position interne dans le mot et entourée de deux lettres-voyelles (« lino », « panure », « satinée », « cinéma » ainsi que dans le pseudo mot « paniso »), elle remplit également la fonction de phonogramme [n] et constitue l’attaque d’une syllabe graphique. Pour ces deux exemples, l’oralisation d’une voyelle nasale est une erreur.

Pour l’ensemble de ces phonogrammes, lorsque le sujet produit une oralisation qui existe en français mais incorrecte dans l’item traité, parce qu’elle ne répond pas aux contraintes que nous venons d’énoncer,l’erreur entrera dans la catégorie « erreur graphophonologique contextuelle ».

Cette erreur concerne préférentiellement le critère de la conventionnalité.

Suite à la catégorisation de chaque erreur enregistrée sur les 36 items, s’établit leur fréquence d’apparition. Lorsque l’oralisation d’un item se déroule sur une séquence de produits, chaque erreur est comptabilisée autant de fois qu’elle apparaît sur cette séquence. Les omissions graphophonologiques et syllabiques, quand elles interviennent en début d’une séquence de produits, n’entrent pas dans l’analyse chiffrée des erreurs si et seulement si le produit qui succède est définitif et oralisé de façon correcte.