Oralisation en cours de production écrite de mots

En production écrite de mots, l’oralisation se décompose en deux temps : avant la production écrite, lorsque le sujet répète le mot à écrire et en cours de traitement. Dans l’étude de la production écrite d’enfants en situation d’écriture approchée, Montesinos-Gelet (1999) regroupe sous la terminologie de « comportements indiciaires » l’ensemble des comportements articulatoires qui accompagnent la production écrite. Ils permettent d’évaluer la présence d’un traitement phonologique du mot et d’attester ou non de la valeur phonographique des marques graphiques appliquées par l’enfant. Pour améliorer la qualité de recueil de ce type de données, l’auteur a eu recours à un enregistrement vidéo des sujets. Pour ce qui nous concerne, nous n’adoptons pas de dispositif vidéo car le public des personnes en situation d’illettrisme est très fragilisé lorsqu’il est confronté à des évaluations de ces savoirs sur l’Ecrit (Besse & Guérin-Pace, 2002). Nous avons estimé qu’il était préférable de renoncer à un enregistrement vidéo afin de ne pas favoriser une situation de stress. L’enregistrement audio ainsi qu’un système de prises de notes rigoureux permettent de prendre en compte les subvocalisations émises par les sujets. La subvocalisation se définit comme l’oralisation que le sujet produit du mot en même temps qu’il écrit le mot.

Nous considérons la subvocalisation comme une activité qui fait partie de la procédure observable même si elle ne permet pas d’expliquer à elle seule le traitement de l’item. Son analyse est indispensable pour comprendre comment le sujet procède. Il est, par exemple, possible qu’un sujet extraie des phonèmes d’un mot bien qu’il ne leur applique aucune marque graphique. Cette situation doit être analysée de façon différente de celle où le sujet, sans oraliser, applique moins de phonogrammes que nécessaire. Seule, dans le second cas de figure, l’absence de marque graphique peut, entre autres, s’expliquer par défaut d’analyse phonologique de l’item.