1.3.2. Identification de mots et production écrite de mots : des activités non superposables

1.3.2.1. Réalisation du sous-principe phonographique en production écrite de mots : absence d’effet de fréquence

Intéressons-nous spécifiquement au groupe « illettrismes ». La fréquence des items ne joue pas sur les performances et le nombre de produits réalisés en production écrite. Nos hypothèses de résultats ne sont donc pas vérifiées. D’autre part, les taux de réussite moyens se situent au-dessus de la moyenne pour les 3 niveaux de fréquence, selon une courbe symétrique à celle du groupe contrôle. En somme, cette activité, lorsqu’elle n’est pas limitée dans le temps, permet aux sujets de produire des items compatibles avec le sous-principe phonographique, indépendamment du vocabulaire de mots écrits des sujets.

La réalisation de la dimension orthographique semble liée à la fréquence du mot : lorsqu’ils les ont écrits de façon lisible, les sujets ont plutôt écrit les mots fréquents de façon orthographique et les mots rares de façon phonographique. Même s’ils ne connaissent pas l’orthographe d’un mot, ils sont donc en capacité de l’écrire de façon lisible. Si la plupart des mots avait été écrite de façon orthographiquement correcte, en particulier pour une forte majorité de mots fréquents, tous les autres mots étant écrits de façon phonographiquement incorrecte, on aurait pu supposer que le système de production écrite était essentiellement construit sur un mode visuographique, en dehors du sous-principe phonographique. Les résultats que nous obtenons permettent, au contraire, de confirmer l’hypothèse d’un système de production écrite fondé, pour partie au moins, sur le sous-principe phonographique.

Ajoutons à cela que les performances du groupe « illettrismes » suivent la loi normale (test de Kolmogorov-Smirnov) : le groupe « illettrismes » rassemble donc des sujets dont les performances sont étalées entre « résultats faibles – résultats moyens (les plus nombreux) – résultats forts ». De plus, les performances sont corrélées entre elles (production écrite de mots fréquents, de mots rares et de pseudo-mots). Autrement dit, les sujets qui ont tendance à avoir de faibles résultats pour un niveau de fréquence donné ont en général des résultats faibles pour les deux autres types de mots. De même, les sujets qui ont tendance à avoir des résultats élevés pour un niveau de fréquence donné ont en général des résultats élevés pour les deux autres types de mots. Ces derniers résultats limitent donc la portée de l’hypothèse précédemment évoquée : le groupe « illettrismes » rassemble une population hétérogène dont certains sujets ne semblent pas avoir construit le sous-principe phonographique, ceux-ci ne représentent, toutefois, pas la majorité des sujets.