1.3.3. Capacité métaphonémique : une et indivisible ?

Comme nos hypothèses de résultats le supposaient, les sujets du groupe contrôle obtiennent des résultats moyens élevés pour les quatre épreuves de manipulation épiphonémique et métaphonémique. Pourtant, ils sont significativement moins performants pour la segmentation phonémique et la fusion de phonèmes.

Concernant le groupe « illettrismes », les performances moyennes avoisinent la moyenne pour l’appariement et la fusion de phonèmes, elles frôlent le zéro pour la segmentation phonémique. L’hypothèse de résultat que nous avions émise à ce propos n’est donc pas confirmée dans la mesure où l’épreuve d’appariement, en tant qu’épreuve épiphonémique, n’est pas significativement mieux réussie que l’ensemble des épreuves métaphonémiques. D’autre part, concernant précisément le groupe « illettrismes », on ne relève aucune corrélation entre les performances obtenues aux quatre épreuves. L’ensemble de ces résultats confirme que la capacité métaphonémique met en jeu des traitements cognitifs distincts. Cette capacité n’est donc pas un tout homogène.

Se détache, en particulier, l’épreuve de segmentation phonémique. Le groupe contrôle y obtient les résultats les plus faibles avec l’écart-type le plus étendu des quatre épreuves, signe que les résultats des sujets se différencient plus pour cette épreuve que pour les autres. Le résultat moyen du groupe « illettrismes » y est particulièrement faible, avec l’écart-type le plus réduit des quatre épreuves. C’est pour cette épreuve que les résultats des sujets du groupe « illettrismes » se rapprochent le mieux, rassemblés autour de leur faiblesse.

Enfin, seule l’épreuve de suppression phonémique est corrélée avec l’ensemble des épreuves d’Ecrit (hors identification de mots fréquents). L’épreuve d’appariement est, pour sa part, corrélée avec l’identification des pseudo-mots, l’épreuve de fusion de phonèmes avec l’identification des mots rares. Contrairement à ce que l’on s’attendait à obtenir, quelques corrélations existent, les plus parlantes étant celles relatives à l’épreuve de suppression phonémique : ce sont les plus nombreuses et leurs taux de significativité sont de loin les plus forts. Si l’on part du principe que le coefficient de corrélation reflète l’existence d’un facteur commun à deux épreuves, on peut tenir deux raisonnements. Soit les épreuves épiphonémique et métaphonémiques ne sont pas équivalentes entre elles au niveau du fonds commun des opérations cognitives qu’elles partagent avec les épreuves d’identification de mots et de production écrite. Seule l’épreuve de suppression phonémique partagerait ce fonds commun avec les épreuves d’Ecrit. Soit la mise en œuvre de ces opérations cognitives communes est facilitée dans certaines épreuves seulement (ici la suppression phonémique) comparativement à d’autres.