2.1.3. Epreuve de suppression phonémique

L’épreuve de suppression est celle pour laquelle l’écart-type est le plus important. Autrement dit, les résultats des sujets y varient le plus, comparativement aux autres épreuves.

On peut reprocher à la construction de cette épreuve l’utilisation quasi exclusive de mots commençant par un phonogramme constitué d’une seule lettre. Du coup, il est possible que nous ayons surtout testé la capacité des sujets à supprimer la première lettre, grâce à un processus de visualisation mentale des mots, et ce malgré leur faible fréquence.

Nous rappelons qu’il s’agit de l’épreuve métaphonémique qui est corrélée aux épreuves de traitement de l’Ecrit. Les sujets qui parviennent à procéder à cette manipulation métaphonémique sont ceux qui réussissent le mieux à écrire de façon phonographiquement correcte les mots rares et les pseudo-mots et à identifier au moins les mots rares, et dans une moindre mesure les pseudo-mots. Pour expliquer ces résultats, on émet l’hypothèse que ces corrélations révèlent un fonds commun de processus cognitifs sollicités. En effet, la production écrite, en particulier pour des mots dont l’orthographe est inconnue, nécessite l’extraction successive des phonèmes, pour leur appliquer à chacun un phonogramme. Il est possible que ce processus d’extraction soit le même que celui engagé pour l’épreuve de suppression du premier phonème. Cette hypothèse tient dans la mesure où le sujet ne doit extraire que le premier phonème. S’il devait en extraire plusieurs de façon successive lors de l’épreuve métaphonémique, il est probable que les corrélations seraient autres. Entrerait, en effet, en jeu la mémoire de travail. Celle-ci serait alors trop sollicitée dans l’épreuve métaphonémique, puisque le sujet ne dispose d’aucune présentation graphique. Au contraire, dans l’épreuve de production écrite, son effet serait limité puisque le sujet a la possibilité d’appliquer les graphies au fur et à mesure qu’il analyse le mot (Montesinos-Gelet, 1999), ce qui allège d’autant sa mémoire de travail.

L’identification de mots partage avec l’épreuve de suppression du premier phonème lefonds commun de processus cognitifs sollicités dans la mesure où elle nécessite de focaliser son attention sur des segments de mots, à plus forte raison lorsque ceux-ci ne sont pas familiers du sujet. Mais, comme pour l’épreuve de production écrite de mots, cette hypothèse ne tient que parce que l’épreuve métaphonémique ne porte que sur une unité.