Pour articuler, le cadre doit servir de signal. Percevoir un cadre, c’est recevoir simultanément le message « Regardez ceci » ou « Attention message iconique ! ». Le cadre signale le tableau, appelant sur lui le regard. Le cadre est programmé pour attirer, voire attiser, la pulsion scopique ; il capte le regard comme une proie et, dans un jeu de séduction, se signale comme telle. Pour être remarqué, l’aspect voyant du cadre, ses fioritures et la brillance de ses ors, peuvent être augmenté. Laforgue et Huysmans, comme nous le rappelle Lebensztejn, comparent le cadre à la parure féminine, au maquillage et à la tenue vestimentaire 153 . Ce jeu de séduction peut s’apparenter à l’ordre de la drague ; ainsi Wajcman affirme que « le cadre fait de l’œil au spectateur 154 ». Il peut aussi être considéré comme un jeu commercial ; ainsi pour Degas, et d’autres avant lui, le cadre est le « proxénète du tableau 155 . Le proxénète doit rester dans l’ombre, organiser ou superviser la situation signalétique, mais non se mettre en avant.
Lebensztejn « A partir du cadre » in Annexes, 1999, p. 201.
Gérard Wajcman, Fenêtre, 2004, p. 314.
Lebensztejn « A partir du cadre » in Annexes, 1999, p. 187. » Degas reprend les termes qu’ André Felibien prêtait déjà aux italiens au XVIIe siècle (voir Careri, « L’écart du cadre » in Cahiers du MNAM, 1986, p.161.)