Dans tout tableau où l’espace est créé par une illusion perspectiviste, le cadre prolonge et approfondit l’effet de perspective. Selon Schapiro, « Quand il est en saillie, et qu'il enclot des vues avec perspective, le cadre fait reculer la surface du tableau et aide à creuser la vue 168 ». Pour Careri, « le cadre emprunte toujours au vocabulaire architectionique de l’entrée : arche, porte, fenêtre » et ce « ‘cadre-entrée’ engendre une illusion de profondeur ». Il va jusqu’à en conclure que « jusqu’au début du XXe siècle, le mur a gardé une structure perspective larvée 169 . » Mondrian s’en est plaint, affirmant que l’encadrement engendre une sensation de troisième dimension 170 .
Le cadre est donc largement considérée comme le complice historique du tableau illusionniste. Ainsi Schapiro : « On put se passer du cadre quand la peinture cessa de représenter la profondeur et s’intéressa aux qualités expressives et formelles des traits non mimétiques plus qu'à leur transformation en signes. 171 » Pour Matisse, par exemple, la question du cadre ne se pose qu’avec l’interrogation de l’illusionnisme comme paradigme pictural 172 .
Style artiste et société, 1982, p. 12.
Careri, Ibid., p. 160.
Careri, Ibid., p. 160.
Style artiste et société, 1982, p. 13.
Schneider, Matisse, 1984, p. 444.