2.4.1. Avertissement.

Nous souhaitons d’ores et déjà rectifier quelques propositions formelles du projet de thèse, avant de présenter notre démarche actuelle. En effet, entre la réflexion initiale et la rédaction, plus de quatre années plus tard, les mots de la recherche se sont modifiés en même temps que son intelligibilité. C’est pourquoi nous pensons nécessaire de signaler quelques changements formels, recouvrant à n’en pas douter des évolutions de fond.

En attendant de mettre en débat le choix de l’empiétement plutôt que du traumatisme, nous convenons de formuler par « événement(s)» ce qui semble participer, dans l’histoire des sujets, à l’origine des troubles.

Nous infléchirons ce que, dans le projet de thèse, nous avions provisoirement exprimé comme un processus « d’externalisation topique » en terme « d’enfouissement périphérique ».

Enfin, il sera utile de nuancer le mot « errant  », usité sans débat dans les premiers écrits, qui n’est pas tout à fait adapté à la totalité des sujets rencontrés. Choisissons de lui ajouter, concernant certains, le qualificatif de « chroniques », et de le remplacer pour les autres, par une proposition plus générale et imagée, celle de « vagabonds psychiques » : en référence aux « Clochards Célestes » de Jack Kérouac (1953) ; cette dernière paraît en effet mieux prendre en compte non seulement la réalité objective de ces personnes, mais surtout leur subjectivité. Elle décrit, à l’instar du mouvement « beat », à la fois le vagabond clandestin, à la fois sa manière désespérée de traverser, à bout de souffle, son existence vertigineuse.

Car il est indéniable que, s’ils ne sont pas tous sans domicile, les sujets de notre travail ont en commun une difficulté spécifique à habiter un territoire psychique et/ou physique déterminé et porté par l’espoir.