2.5.3.1. L’accueil d’urgence des « errants chroniques ».

Pour l’enquête, nous avons pris contact avec le service insertion d’un accueil de nuit, qui pouvait pré-sélectionner des sujets susceptibles de bien vouloir participer à une recherche en psychologie. Nous avons démarré l’enquête avec le souhait de réaliser entre 40 et 50 entretiens, pour ce premier échantillon de sujets « Sans Domicile Fixe », exclusivement masculins du fait de la réalité institutionnelle. Le choix des personnes a été réalisé par les professionnels -un psychologue et/ou un travailleur social- sur les trois critères suivants, en lien avec nos hypothèses de départ :

Nous avons rencontré les sujets qui avaient accepté la proposition, sans connaissance préalable de leur situation, mais en nous fiant à la sélection initiale des partenaires. Ils étaient informés de notre présence, ou avaient auparavant pris rendez-vous auprès des professionnels ou avec nous.

Les entretiens étaient prévus en deux temps: un premier serait l’objet d’un questionnaire; nous renvoyons le lecteur à son examen détaillé en annexe, mais il faut annoncer son découpage en trois séries de questions portant sur l’investissement des sujets envers l’espace, le corps et la santé, enfin les liens qu’ils entretiennent envers le groupe social proche ou plus distant comme envers eux-mêmes. Le second serait consacré à la passation d’un TAT. Nous avons renoncé à en rendre compte, au vu des distorsions que les sujets ont fait subir au protocole (passation et modalités de réponses). Nous évoquerons plus loin cette question.

Au début de la rencontre, nous définissions toujours le cadre en préambule, en insistant sur le volontariat des personnes et en sollicitant la possibilité de les enregistrer ainsi que celle de les revoir pour la seconde séance. Ils étaient évidemment libres d’accepter une partie des propositions ou la totalité, libres de changer d’avis également.

Ces points seront développés plus loin, mais il faut signaler qu’à la suite des dix premiers entretiens seulement dédiés à la première étape, nous devions décrypter un corpus de plusieurs heures d’enregistrement pour certains (de trente minutes à quatre heures ont été nécessaires pour seulement répondre au questionnaire).

Devant l’importance de ce recueil, et avec l’expérience de l’aridité des rencontres, nous avons renoncé une première fois à nos ambitions initiales, en nous arrêtant aux dix entretiens consacrés au questionnaire.