1.3.6. Investissements des « objets sociaux ».

1.3.6.1. Liminaire.

Pour J. Furtos, (2000) les « objets sociaux » sont définis comme un (ou plusieurs) élément(s) concret(s): « on en a ou on n’en a pas. On peut avoir peur de les perdre en les possédant encore, ou de perdre les avantages qu’ils sont susceptibles de procurer(…) Un objet social, c’est quelque chose d’idéalisé dans une société donnée, en rapport avec un système de valeurs et qui fait lien, donne un statut, une reconnaissance d’existence, il autorise des relations, on peut jouer avec lui ». Ainsi, il(s) permet(tent) d’assurer pour chaque individu, « les sécurités de base.» De cette façon, la privation d’un de ces objets (travail, argent, relations affectives, logement ou biens de consommation) peut entraîner non seulement le sentiment de perte, mais aussi « l’effondrement de l’environnement entier ».

Nous prolongerons cette perspective en proposant de considérer comme telles des modalités d’investissements psychiques intermédiaires entre objet personnel ou familial concret, et objet environnemental à valence subjective et intersubjective que le sujet utilise pour son économie psychique; dans ce sens, il peut s’agir d’espaces et territoires sociaux mais également de comportements spécifiques (errance, addictions ou relation au tiers) qui demeurent investis par le socius. Ainsi, pour rester fidèle à la définition de J. Furtos, la contre-idéalisation des comportements ou manières d’être au monde des sujets est une façon de faire lien, en tant qu’elle leur procure un statut, celui d’exclus, une relation, celle d’assistés, et organise un jeu, une communication, complexes mais réels, entre eux et la collectivité. De ce point de vue, il suffit d’observer les réponses des politiques ou les questions des intellectuels autour des comportements dits marginaux, pour admettre que ces derniers conservent une valeur sociale non négligeable, quitte à ce qu’elle soit de l’ordre du négatif.

Ces objets répondent donc à la même exigence que les premiers, à savoir que leur atteinte, transformation ou privation met le sujet en risque de dés-escalade psychique. Nous suggérons de plus qu’ils contiennent en leur sein la part de blessure intérieure inéprouvée, irreprésentée et indicible.

Nous inclurons également sous cette rubrique les liens mis en œuvre par le sujets en direction de l’objet actuel, provisoirement étudiée sous la thématique du transfert.

Un premier objet social apparaît ainsi en cette nouvelle partie de la recherche, qui considère les liens d’appartenance « perdus » -ou plutôt transformés- du sujet.