1.2.7.4. Commentaire.

Il faut faire le premier constat d’une parole qui s’épanche, comme un flux interminable, sans rapport direct avec les questions posées. Une intuition d’étrangeté se dégage dès la présentation et se confirme de plus en plus au cours de la séance, qui se conclut par la sensation personnelle d’être «imprégnée», pour reprendre son mot; cette notion, ressentie de manière extrêmement tenue, en même temps que durable, concerne sa présence sensorielle et son enveloppe corporelle totale.

Dans un second temps, Monsieur S. met en évidence des réactions très diverses selon les thématiques proposées.

Pour la première série de demandes, particulièrement en ce qui concerne la toute première question, à laquelle il répond longuement (4 pages) et qui paraît être la plus bouleversante pour lui, on peut relever plusieurs niveaux logiques, que nous proposons de sérier comme suit:

Monsieur S. semble donc très atteint par cette première question, qui entraîne le plus fréquemment un processus de contre-attaque méthodologique, puis de perte progressive de mots et d’une pensée claire, aboutissant à une confusion vraie qui annonce un épisode de déstructuration. Les moments de reconstruction sont souvent précédés d’interventions de notre part, qu’elles soient une simple reformulation de ce qui vient d’être énoncé, ou l’expression d’un ressenti personnel.

On peut souligner que la partie du questionnaire qui traite de la santé est beaucoup moins difficile pour lui, ce qui se manifeste par très peu d’épisodes d’attaque méthodologique et de désorganisation. En revanche, des réactions de cet ordre réapparaissent au dernier chapitre où, globalement, on peut noter plusieurs rappels méthodologiques, et de nombreux moments de confusion, fuite des idées, ainsi que quelques périodes de désorganisation.

Nous avons nous-même eu recours à l'expression ou la prise de conscience de beaucoup de ressentis, avec un lapsus et un équivalent de passage à l’acte très importants, ainsi que de fréquentes reformulations. Ce moment plus difficile pour Monsieur S. correspond à la centration sur lui-même par lui-même, comme au moment où il était interrogé sur la centration sur son espace par lui-même.

Cet entretien nous a plongée dans de nombreux épisodes où, peut être en miroir, en traduction, ou en transit de ce qui ne pouvait pas être saisi par lui-même, nous avons traversé des sentiments d’étrangeté, de confusion, de violence mêlés d’effroi. L’ogre en est une représentation étonnante qui, cependant, ne semble avoir été violente que pour nous. Nous croyons pouvoir assurer que cette séquence traduit de manière paradigmatique les différentes figurations de l’empiétement et des défenses contre cet éprouvé.