1.3.2. Sujet n°2. Monsieur N: Le corps et la santé.

Dès le premier mot, à travers la référence à «la peau » pour qualifier l’espace idéal, Monsieur N profile la perspective du corps mutilé, gangrené ou «statique». La métaphore du marécage, glauque, grouillant, puant, où rien ne circule plus, évoque l’entrave et la contamination par la promiscuité. Tandis qu’il aspire au mouvement libre, permettant en particulier l’accès à la parole et à l’esprit, tandis qu’il espère en ses capacités d’auto-défenses, le corps se referme dans un "cocon" insalubre et destructeur.

Avec l’approche du lien, l’énigme du corps pourrissant s’éclaircit, par la formulation de la notion de prison. Paradoxalement, la remémoration d’instants paisibles de l’enfance le connecte avec le roman des origines, avec la torture et l’avilissement du corps du père, mort en déportation, avec la narration d’une filiation impossible.

Les entrecroisements entre exclusion, méfiance, délation, dictature se rencontrent dans le corps propre qui, au-delà de l’aspect imaginaire du «statisme», se dégrade: les dents tombent, la gale s’incruste, l’empêchant de revoir ses enfants, le souffle se réduit, la circulation sanguine est ralentie. Monsieur N recherche jusque dans l’alcool et dans l’illusion d’anticorps qui devraient le soigner, l’énergie vitale, quasi sacrée, nécessaire à ce corps blessé.

On pourrait se demander ce qui, à l’origine du nom qu’il porte «pour la troisième génération», a été bouleversé et mortifié de manière irréductible, même si l’hypothèse du traumatisme concentrationnaire semble prévalente: Monsieur N porte, encrypté dans le corps, un secret générationnel qui ne se montre que sous l’aspect de ce qui le ronge et doit être arraché, extrait de l’ensemble.