1.3.5. Sujet n° 5. Monsieur M : Le corps et la santé.

Monsieur M accole immédiatement la question du lieu idéal avec le corps de l’objet, tout comme il condense, tout au long de l’entretien, son errance et le corps érotique de la mère. Cette dimension incestueuse interroge, dans la représentation actuelle du corps, la question du soutènement archaïque par l’objet, ainsi que celle de la contenance que le sujet a pu, ou non, trouver. C’est à dire que les liens pathologiques se figurent ici par le corps avachi et la santé en perdition. Dans cette situation, le concept d’effondrement est une réalité corporelle davantage qu’une métaphore.

De la sorte, l’espace territorial individuel n’est pas constitué en tant que tel et se réduit à un espace corporel indéterminé, voire affaissé sur et dans l’objet.

Sans entrer avec lui dans le registre d’obscénalité qu’il a ouvert, il semblerait que Monsieur M, brandissant sa jouissance de la mère, tente par là de construire une verticalité partielle qui passerait par l’érection phallique. En même temps, les seuls moments de calme de l’entretien laissent émerger une profonde détresse infantile envers la relation sexualisée, offerte à la place d’une relation maternante.

Cet effroi infantile se résout dès lors par les conduites extrêmes de Monsieur M autour de la maltraitance active du corps par absorption de divers toxiques et de l’aggravation «délibérée» des troubles cardio-vasculaires.

Le seul investissement filial cohérent est représenté par l’image du père et la délinquance transmise à son décès; le sujet organise alors l’espace par rapport à l’errance sur place à la recherche des clients, à la fuite loin de la police; le lien se construit dans la déviance, le corps existe surtout dans l’identification à travers l'objet toxique.

Tout se passe donc comme si le sujet portait un unique projet de fidélité morbide aux deux imagos parentales: par loyalisme au père, celui de se détruire au plus vite comme lui; par allégeance à la mère, celui de reproduire l’univers incestuel.Ces deux attachements intenables et contradictoires l’écroulent physiquement sans que rien de l’intériorité ne paraisse souffrir. Ou peut être est ce plutôt que l’espace intérieur, la topique, n’a pas eu la possibilité d’advenir.