1.3.7. Sujet n° 7. Monsieur S. L’espace.

Monsieur S semble celui que la centration sur l’espace désorganise le plus franchement, l’amenant à la lisière du morcellement psychotique à certains moments. En même temps, situer ces épisodes dans un tel registre psychopathologique comporte le risque d’un enfermement dans une nosographie définitive, ce qui est loin de décrire la globalité de ce sujet. Il fluctue en effet entre des symptômes très variés, de la contestation pseudo-névrotique à une désescalade vers les niveaux les plus inquiétants de l’inorganisation psychotique.

Lorsque la question insiste sur le thème de l’espace, en tout cas de l’espace personnel rêvé, Monsieur S quitte l’univers normé proposé en première intention à l’interlocuteur. Quelques tentatives rapidement échouées formulent le désir de fuite, d’échappement, dans un univers confiné et distant du réel. Elles sont pourtant nuancées dans un discours émaillé d’éléments cosmiques, mais aussi concrets. Tout se passe comme si Monsieur S se sentait mis en péril par cette question première, comme si l’entrée en contact à travers la thématique de l’espace venait directement empiéter la partie blessée de cet homme.

En parallèle, on pourrait rapprocher cette première série de réponses à la tension réapparaissant en fin d’entretien autour des liens, surtout lorsqu’il est question du regard sur lui, emprunt de la honte de ne plus pouvoir être en mouvement. L’espace et le mouvement sont donc chez Monsieur S deux éléments associés dans la douleur de leur perte, d’autant plus qu’ils restent idéalisés dans le discours.

Seul, le corps paraît restauré, à cause peut être de ses multiples sauvetages par reconstruction grâce à l’action humaine.

Dans ce cas, on pourrait émettre l’hypothèse que ce qui a embrouillé le sujet et son espace interne puis environnemental, c’est l’absence ou la défaillance des tuteurs de l’enfance, qui n’ont pas permis la constitution de balises fixes et robustes. Dès lors, dans l’espoir d’en créer d’autres ex-nihilo, Monsieur S s’étaie sur les quelques repères dont il a hérité. Cependant, leur acquisition reste tellement floue et fragile, qu’elle l’égare, entraînant l’autre dans la confusion. Constatons enfin que c’est le passage tumultueux par un tiers qui, en dépit de toute prévision, lui permet la plupart du temps, de se réorienter.