2.1.2.2. Les muqueuses, vaisseaux et parties molles.

A ce niveau de la couche profonde du derme, apparaît le premier palier d'intériorité corporelle, où sont abrités les ganglions, les muqueuses, les vaisseaux, les nerfs et les tendons. Nous y incluons toutes les parties du corps normalement couvertes par et protégées sous l'épiderme ou dans les cavités naturelles, ainsi que les "boules" décrites dans certaines réponses. Nous intégrons la réponse "statisme" dans cette rubrique, en explicitant plus avant cette option. De la même façon, certaines autres réponses assez mal classables (boules, pieds, anémie) seront étudiées dans cette catégorie qui pourrait être représentée sous la figure de l'écorché, statue dépouillée de sa peau.

Tableau.
sujet Muqueuses
cavités
vaisseaux tendons/nerfs ganglions/boules
1 ? ? nerf de la colonne vertébrale. boule dans "les reins".
2 ? "statisme". ? ?
3 ? ? nerf circonflexe/muscle. ?
4 ? ? ? hernie discale.
5 ? ? ? ?
6 Ventre
pieds.
? ? ?
7 hémorroïdes. anémie. ? lithiase rénale.
8 langue. ? ? ganglions.

Commentaire :

Il est nécessaire d'étudier quelques définitions proposées par les personnes; on peut constater que celles-ci se troublent en regard de la catégorie précédente, beaucoup plus simplement énoncée, comme si ce qui vit sous la première couche ne peut déjà plus être repéré clairement.

Le sujet n°1 évoque la sensation qu'on "tire sur le nerf", ce qui est la séquelle d'une agression qui lui a laissé une "boule dans les reins" dont nous ne sommes pas sûre de comprendre s'il est question de hernie ou de kyste.

Le sujet n°2 développe longuement l'idée du "statisme" dont nous pensons d'abord ne rien pouvoir faire. Pourtant, à la relecture, ce néologisme est si souvent et avec tant d'insistance répété que nous acceptons finalement de l'interpréter. Il est opposé au dynamisme et au mouvement qui animaient la jeunesse du sujet. Nous entendons, la représentation d'un organisme en stase, qui a cessé de circuler, d'autant plus qu'il fait référence a contrario à la vivacité et la pureté du mouvement.

L'appareil circulatoire, abrité à la surface interne du derme, ne semble ainsi plus capable de permettre à l'organisme de continuer son impulsion de vie; au contraire, l'image renvoie au blocage et à la putrescence d'un corps déchu et en décomposition.

Nous avons précédemment évoqué le problème du sujet n°6 sur un registre trophique. Il le définit comme une "dermatose" et il nous faut le considérer sur un plan plus intérieur, à propos du relâchement et de la dilatation de la sangle abdominale.

La même personne se plaint de ses pieds. L'énoncé, confus à ce moment, évoque une possibilité d'être renversé en avançant "comme un zombie".

De ce fragment de discours, on peut retenir un lacis inextricable entre les deux premiers niveaux de stratification; de la peau et les cavités internes, le sujet ne parvient pas à donner une représentation différenciée. Ce sont les pieds qui s'épuisent à marcher sans cesse, mais c'est la personne entière qui n'est plus présente hors de sa déambulation. C'est le dehors qui s'écorche mais c'est l'intérieur qui se déforme.

Le sujet n°7 parle d'un problème qui lie les vaisseaux de la muqueuse anale et le sang circulant. Dans cette situation, c'est le regard d'un tiers, à travers le diagnostic d'abord extérieur, puis intérieur grâce à des examens spécifiques et intrusifs, qui pénètre le corps du sujet pour lui en signaler des troubles qu'il n'avait pas lui-même perçus.

Le sujet n°8 enfin évoque d'abord un "trop dans l'amour" qui l'aurait conduit, par la multiplicité de ses partenaires, à la seule vraie maladie de sa vie. La mononucléose infectieuse, parfois nommée "maladie des amoureux" se transmet en effet par contact étroit et est diffusée par les lymphocytes, créant ainsi des adénopathies disséminées. On pourrait dire de manière imagée que le corps se met en boule d'avoir "trop aimé", risquant de ce fait un danger important qui aurait pu aussi attaquer sa puissance virile.

Pour ce même sujet, le deuxième incident de santé notable concerne une blessure de la langue dont il parle avec une sorte de délectation. Là encore, c'est un autre qui est à l'origine de sa lésion.

Dans les deux cas, les organes de la sphère oro-pharyngée sont atteints soit par une maladie soit par un traumatisme, tous deux causés par des tiers.

Dans ce chapitre, deux tendances se dessinent, moins contradictoires qu'il n'y paraît: