2.3.3.1. Auto-représentations de la question.

tableau
sujet Oui non
1   Il se sent toujours en mouvement.
2   Il préfère "les horizons ouverts",a peur du "cocon".
3 pour s'intégrer  
4 Il se dit "stable, attaché aux vieilles pierres et à la terre, au sentimental et à l'affectif. "  
5   Il n'éprouve pas le besoin de rester au même endroit, mais ne l'a jamais quitté.
6 Il se trouve dans "un luxe" relatif, à défendre de la promiscuité.  
7   La notion le renvoie à l'idée de domiciliation perdue.
8 Il se dit sédentaire "dans l'âme"  

Commentaire

Cette question suscite un même nombre de réponses entre ceux qui se disent sédentaires et ceux qui ne se pensent pas dans ce cas.

Chaque sujet définit sa situation en cohérence relative avec ses développements antérieurs ou ultérieurs. La sédentarité peut équivaloir à un immobilisme aliénant ou dangereux, ou encore à un paradis perdu pour ceux qui ne s’y trouvent pas. Globalement, elle est rattachée aux investissements majeurs des sujets, souvent de manière paradoxale. Ces réponses ambiguës, qui laissent une impression d’étrangeté, décrivent en effet l’extrême de la situation actuelle: parfois, être sédentaire se réduit à un coin de radiateur et de fenêtre qu’il faut défendre comme sa vie; pour d’autres la notion évoque, aussi bien dans les réponses positives que négatives, un idéal mythique. Enfin, elle peut signifier la réussite espérée sur le plan social. En extrapolant, cette notion de fixité, de stabilité, induit ainsi un sens latent autour de l’enfouissement, évidemment tu, mais massivement suggéré. Dès lors, il faut penser l’intimité associée à la question de la sédentarité, la caractéristique en creux de la première, se reflétant à l’inverse dans le prisme en relief de la seconde. Cette façon d’envisager la réponse à un double niveau n’est pas sans rappeler la question du négatif de la symbolisation, à laquelle nous convient A. Green et avec lui R. Roussillon, lorsque ce dernier évoque «la manière même dont la symbolisation produit du manque, de la perte, de l’absence» (1995, p 59).

Pour cette question nous avons donc recueilli des éléments divergents des réponses attendues, sans doute du fait de l’inévitable arrêt de l’errance physique et psychique qu’elle suppose. Elle interroge en effet la façon dont le sujet se regarde circuler ou suspendre cette action. De la sorte, elle met en évidence les «fondamentaux» de chacun, et aussi, exprimées d’une manière ou d’une autre, certaines modalités défensives. Ceux qui fuient la sédentarité, par choix ou par défaut, réfléchissent la réminiscence d’un certain enfermement psychique. Ceux qui croient l’avoir acquise, se réfèrent à un espoir sans doute déjà détruit, celui d’une intimité confortable et douce.