Nous avons rencontré les personnes dans un dispositif qu’il est nécessaire de brièvement développer afin d’en percevoir quelques enjeux institutionnels. Il faut en effet énoncer d’emblée que la prestation offerte aux personnes n’est pas à proprement parler thérapeutique puisque le Conseil Général 4 , prescripteur de l’action, indique la dimension de relais de l’intervention du psychologue vers le « droit commun »; autrement dit il s’agit, après le diagnostic préalable, d’orienter les sujets vers les procédures traditionnelles en santé mentale, praticien libéral ou Centre Médico-Psychologique pour Adultes. Néanmoins, cette restriction ne nous a pas semblé inhibitrice du processus de soin, au sens où ce dernier a pu se constituer en amont d’une visée thérapeutique classique. Notons que l’offre est limitée à 9 heures par an et par personne.
L’instance politique départementale a donc prévu, au sein de ses Cellules Locales d’Insertion propres au traitement du RMI, une possibilité pour les travailleurs sociaux «prescripteurs» ou directement pour les bénéficiaires, de faire appel à un psychologue chargé « d’aider (ces derniers) à prendre conscience de leurs difficultés psychologiques (souffrance, mal-être) et les accompagner vers un processus d’évolution, voire vers des soins spécialisés dans le cadre des dispositifs de droit commun (sectorisation psychiatrique, médecine libérale, services de soin. »
La cinquième personne étudiée dans la recherche nous a contactée par l’intermédiaire d’un travailleur social sans passer par le groupe.
Enfin, cette proposition est assortie par ailleurs, et peut être paradoxalement, d’une permanence hebdomadaire dans un lieu d’accueil de jour ; celle-ci est, à cette époque, prévue comme supplémentaire à la limitation spécifique des séances individuelles. Autrement dit, elle reste collective, jusque dans son financement.
Partiellement devenue un passage obligé pour les SDF transitant par la ville, le lieu d'accueil souhaite leur offrir une halte plus ou moins durable, sans contre-partie d’engagement de sédentarisation ni de rencontre avec des travailleurs sociaux. La philosophie longtemps maintenue concerne la notion de « pause ou de repos, voire de dépôt » des personnes errantes et/ou de leurs problématiques, même si, du fait de la présence des errants dont la symptomatologie est parfois bruyante, une inquiétude persiste autour de l’exclusion de la population sédentarisée, en particulier des femmes étrangères et isolées. Quatre sujets de l’étude se sont saisi de ce dispositif groupal pour entrer en contact avec nous.
Cahier des charges.Conseil Général de l’Isère, 2002.