3.2.3.4. Commentaire.

Sur l'ensemble des trois axes, nous pouvons constater que celui de l'espace condense et synthétise les précédents: il figure concrètement en effet la problématique d'un lien où les repérages portés par l'objet premier ont défailli à aider l'enfant dans l’organisation d’une topique interne.

L'appropriation spécifique de l'espace externe se charge de réparer ce manque d'intériorité et de sécurité de base: l'étayage physique sur des éléments de réalité se rencontre par exemple dans la répétition des mêmes déplacements urbains, la temporalité quasi rituelle des itinéraires, l'adossement corporel contre des parois étroites, froides et impersonnelles, ainsi que la restriction de l'espace péri-corporel; il repose aussi sur les perceptions sensorielles mises en exergue par le choix du lieu de vie, dédié aux déchets et à leurs odeurs.

Davantage encore, l'espace se représente particulièrement chez Ali-Yann, dans sa manière d'habiter son corps, de le réduire ou de l'amplifier selon le lieu où il se trouve, de manière inversement proportionnelle à la limitation spatiale qui lui est imposée par le contexte. En prison il le déploie, en liberté il le restreint, sur le plan du mouvement comme du soin. C'est cette dimension corporelle qui nous paraît, malgré l'importance représentative de l'espace telle que nous venons de la décrire, l'aspect le plus explicite de la problématique de Ali-Yann sur laquelle nous souhaitons nous arrêter un instant.