4.3.3.1. La honte des liens.

Monsieur Rouge est envahi par une brûlure. Il plie, à 36 ans, devant un père omnipotent qui parvient à le déloger du sous-sol où il se terre sans humains, qui s'invite dans son espace thérapeutique. Il avait déjà inscrit sur les ongles de son fils, le rouge qui s'est, à n'en pas douter, propagé sur sa face, déjà peut être perdue à ce moment. L'humiliation ressentie par l'enfant a pris sa source dans la sanction paternelle. Cependant un mot étonnant renvoie à l'imago maternelle; "l'essaim" fusionnel rêvé peut en effet sans trop de peine s'entendre comme la quête du giron qui, nous dit il, n'a pas laissé trace dans sa mémoire. En revanche, à la place de cette absence, "le pas", la marque du père, s'est gravé, à travers une tyrannie surmoïque qui stigmatise sans cesse le sujet. Ainsi, en lieu et place d'une sécurité précoce, le rouge de la honte s'est installé au fond de Monsieur Rouge.

L'apaisement relativement durable dans lequel il a commencé à construire une vie professionnelle et amoureuse semble le guérir de la tourmente de l'enfance, jusqu'à ce que le projet de perpétuation de la lignée, de transmission du nom, réactualise ce qui avait été enfoui, provoquant la rupture du couple. La perspective de paternité a sans doute opéré comme retournement de la soumission passive en potentialité active sur l'enfant à venir. Dès lors, Monsieur Rouge, ne pouvant supporter le risque d'endosser la violence à la place de/du père, ne trouve d'autre choix que celui de quitter tout lien social. Sa fuite et son ensevelissement dans la cave, évoquent déjà la présence d'une honte in-sue mais active.

Le lien à autrui est institué sous ce principe, confirmé par la misère et la précarité matérielle. C'est encore la honte silencieuse qui amène l'allusion d'une possible prostitution, en tout cas d'une conduite qui fait sourdre des larmes dans ses yeux. Enfin, l'offrande de son corps aux investigations médicales peut être comprise sous ce même registre.

La relation actuelle est régie par la soumission au père qui l'héberge et pénètre ses espaces, qui l'accompagne dans ses démarches sanitaires et sociales. Monsieur Rouge prétend vouloir à la fois l'éloigner de, à la fois l'introduire dans sa subjectivité, comme si son intimité ne pouvait résister à l'omniprésence paternelle.