5.2. Anamnèse.

Boris est amené en consultation par ses parents lorsqu'il a bientôt douze ans. Le discours le concernant est sombre et le père, excédé, menace de le mettre en pension; il est vrai que Boris, en classe de 6ème à l'époque, manifeste un comportement et des résultats scolaires problématiques. Nous sommes d'emblée frappée par le décalage entre le collège où il poursuit sa scolarité, l'un des plus huppés de la ville, et l'apparence de l'enfant. Il s'emmitoufle dans une parka verdâtre qu'il ne quitte à aucun moment de la séance, le regard baissé, sans aucune parole.

Les parents signalent un suivi ancien par de nombreux psychistes, apparemment sans beaucoup de succès, pour des troubles antisociaux importants. Boris ment depuis toujours, vole souvent, présente une énurésie et une encoprésie extrêmement gênantes pour l'entourage, mais qui ne semblent aucunement l'indisposer. Alors qu'il est un enfant indubitablement doué, l'école est devenue une source permanente de scandales divers, de bagarres interminables, qui le font régulièrement exclure. La psychologue scolaire nous informe que son allure, son attitude et ses problèmes sphinctériens lui ont valu le surnom de "clodo". Mais Boris semble indifférent à tout.

Il est le puîné d'une fratrie de trois garçons dont l'aîné est porteur d'un handicap moteur; les parents banalisent cette situation et n'en diront rien, sinon que Alex se déplace en fauteuil et qu'il vit en institution spécialisée. Il n'est présent que le week-end. Steve le benjamin, d'un an plus jeune que Boris est pour lui, l'objet et la cause de toutes les disputes, bagarres et vols, en particulier en ce qui concerne la place de chacun auprès des parents.