5.5.1. Le corps.

Le corps de l’enfant est perturbé dans sa fonction de contrôle; Boris exhale les signes de son lâcher-prise sphinctérien, souvent en lien avec des événements contextuels. A notre première rencontre, nous sommes frappée de son odeur mais aussi d’un affaissement global de la silhouette. Enfoui dans un vêtement informe et sans couleur, il semble en tenue de camouflage. Le corps propre n’est que rarement interrogé.

En revanche, c’est par l’intermédiaire des jeux et du tiers que Boris l’évoque. Devant un hématome, il imagine qu’il est le signe de coups reçus; dans le jeu, le corps est dénudé, mou et vulnérable, face à la voracité de l’animal. Dans l’histoire de vie, il est l’objet de souvenir traumatique de la brûlure, ou la localisation d’importantes traces de strangulation, marques de sa mise en danger.

L’adolescence modifie la voix et l’allure du garçon qui revêt le physique d’un éphèbe, sans transformer sa subjectivité. Les avancées corporelles n’interfèrent pas dans sa prise en compte de la sexualité et du désir de grandir. Il reste un enfant dans ses jeux, tout en s’approchant de la pré-délinquance bagarreuse et armée.

Mais sa représentation du corps s’inscrit de manière massive dans la fabrication des différentes têtes; de la tête de clown/tête de pioche à celle d’Hitler, des différentes formes d’Halloween jusqu’à la tête de mort finale, on peut penser que pour Boris, la tête est rarement investie comme un lieu d'activité agréable et paisible.En outre le phonème "tête" peut également être entendu dans le sens d'allaitement. Sous cet angle, la tétée offerte à Boris par une "mère morte", paraît elle-même infiltrée d'une transmission traumatique inconsciente, absorbée par l'enfant depuis son plus jeune âge. Dans cette logique, la succion de l’embout du jeu de boulettes confond oralité et analité dans une anxiété compulsive à montrer l'indicible.

Ainsi, têtes et tétées figurent la confusion, l'agitation, le fantôme ou le trépas d'enfants mêlés dans le secret familial.