5.5.2. L’espace.

Boris investit l’espace social sur le mode du conflit, de l’attaque et par voie de conséquence, de l’exclusion. Sa place à l’école est systématiquement décalée, remarquée en négatif. Cependant, il n’est pas toujours un perturbateur actif et un mauvais élève; il est en effet capable d’excellentes notes ou de discrétion, voire d’inhibition. On ne parvient donc pas à l’assigner à une place stable. Par ailleurs, dans son espace corporel et péri-corporel, il a réussi à provoquer, sans un mot, l’évitement du contact.

Il s’isole dans les fissures du monde, de la maison, du cœur ou de la matière malléable, refusant de partager l’espace familial s’il n’en a pas l’exclusivité. Il se déploie dans l’environnement public incertain, traîne dans la rue, de préférence avec des armes, ou, à l’inverse, investit les lieux clos ou interdits de manière étrange. Il pénètre dans l’intimité des parents, vole les jeux partagés ou la nourriture privée; il altère la fonction de l’espace d’excrétion, pour laver une blessure venue d'ailleurs. En séance, il envahit la salle par des projections excrémentielles, celles qui ont autrefois obturé la gueule et l’anus du carnassier, le fermant du dedans. L’espace rêvé est infini, l’espace réel est clôturé par le fauteuil d’Alex, la présence rivale de Steve, et la distance que l'encoprésie fixe entre les autres et lui.