1.3.3.3. Synthèse.

Lorsqu’on réfléchit à l’investissement de l’espace, il faut remarquer l’enchevêtrement des dimensions objective et subjective. Boris nous le signale avec son acuité habituelle: tout se joue dans les failles de la construction, qui ne se montre que sur et dans l’espace. Une singularité concerne le fait que, hormis chez les déportés, l’histoire s’est rabattue sous la géographie et le temps sous l’espace. La très forte résistance des sujets sur cette question, nous permet de supposer que la spatialité s’exhibe sans être parlée.

Les fissures de l’intérieur sont mises en scène, mais non en mots par une narration qui convoquerait la temporalité; elles s’actualisent par des attitudes ou des conduites qui figurent le «chantier» intérieur; ainsi, l’éternel déplacement vers un idéal constamment repoussé, pourrait se concevoir comme l’espoir sans cesse échoué d’une temporalité à inventer.

L’utilisation parfois paradoxale des espaces péri-corporels et sociaux nous interroge sur le rapport de ceux-ci avec le corps et les liens du sujet. Tout se passe comme si l’espace devenait une bizarre surface de translation, entre le sujet et le monde. Parfois, cet interface est momentanément apaisé, si les sujets ont pu dans leur histoire, créer et/ou maintenir une structure corporelle et des liens suffisants; mais la plupart du temps, nous avons noté un rapport pathologique à l’espace partagé, qui tantôt vectorise l’angoisse, l’abjection et le rejet, tantôt témoigne de l’appétence sociale inassouvie du sujet.