3.1.2. La proto-topique.

A partir de la clarification précédente, nous suggérons l’interruption, la suspension mais non le blocage des processus. La nostalgie n’étant pas toujours mélancolique, tout semble être resté en attente de résolution, en tout cas pendant une période difficilement identifiable. Dans cet esprit, la notion de «proto-topique» pourrait s’entendre comme une atteinte, ou une égratignure de la constitution topique, entraînant malentendu, confusion ou indétermination des localisations internes et périphériques; ce trouble proviendrait d’une perception erronée des besoins du sujet par l’objet, en particulier de celui d’un espace intime, personnel, ou intersubjectif. Dans cette hypothèse, l’espace, les corps et les liens blessés condenseraient et figureraient l’arrêt du processus de différenciation en même temps que celui de séparation.

Cependant, des organisations compensatoires sont mobilisées, montrant la fluidité, la labilité de la psyché, non seulement dans sa fragilité mais aussi dans sa potentialité. A nouveau l’indéterminé, à travers la défense paradoxale par évanescence de la subjectivité, soutient la survie du processus instantiel; en attente de déploiement, les espaces restent incertains et précaires, mais cette conjoncture est simultanément une condition de l’aboutissement topique.

C’est pourquoi la notion de proto-topique ne semble pas devoir être seulement entendue comme un déficit d’organisation, qui conduirait le sujet à une errance inapaisable par un manque définitif de structuration, mais aussi comme une préservation des possibilités de construction des lieux internes.

Evidemment, la chronicité et l’ancienneté du «gel» du processus, sont des facteurs péjorant les capacités de remise en route de celui-ci, mais il faut pourtant concevoir ce dernier comme potentiellement apte à un «réchauffement» partiel.