3.1.4. La honte comme balise.

Cette autre hypothèse secondaire se vérifie partiellement par la clinique éclairée sur le plan théorique. Si nous reprenons les définitions du mot confusion (Petit Robert 2002), nous remarquons la notion générale de trouble, que celui-ci concerne l’idée de désordre, de fusion ou de honte. La honte éprouvée par le tiers paraît donc un signe du désordre, de l’embarras, de l’humiliation et de l’interpénétration entre le sujet et l’objet, que ceux-ci soient actuels, ou passés et remémorés. Le passage de cet insu de l’un à l’autre, permet d’être éprouvé, donc connu par l’un des deux pour l’autre; en l’occurrence le tiers endossant cet affect partagé, peut le restituer un peu détoxiqué au sujet, qui le re-connaît partiellement comme sien. L’épisode de l’ogre illustre clairement cette proposition: tandis qu’il nous plongeait dans un éprouvé catastrophique, ce commentaire hontogène, surgi de notre préconscient comme un enjeu inattendu de la relation, a été considéré, étudié paisiblement par Monsieur S qui s’en est détourné avec sérénité. Par la suite, il n’a plus présenté aucun mouvement déstructuré comme au début de la rencontre, allant même jusqu’à trouver un intérêt imprévu à cet échange.

La honte, comme signe du confus parvient donc logiquement à organiser cette sensation, lorsqu’elle est portée et traduite par un autre avec lequel un lien s’est installé.

Pour autant, elle ne peut avoir cette fonction que si cet autre ne s’effondre pas sous la violence de l’affect qui soudain l’envahit. C’est à dire qu’il doit ne pas se perdre dans les motions décrites précédemment, égarement, fusion, humiliation, au risque de s'esquiver à son tour face aux émotions qui cherchent une figuration en lui. En d’autres termes, ce n’est pas seulement la honte sur l’autre qui peut aider le sujet à un balisage topique, mais c’est aussi son accueil par un psychisme suffisamment structuré lui-même, pour ne pas se confondre avec l’indicible émergeant.