3.2.2. L’enfouissement périphérique.

Une confusion répétée a été au fondement de l’idée d’enfouissement; elle était déclenchée par l’attitude de certains qui certes, exhibaient beaucoup, mais enterraient simultanément l’affect, de manière à le rendre inaccessible à toute prise. En ce début d’émergence, il s’agissait plus d’un pressentiment que d’un réel postulat. Il a cependant insisté suffisamment pour être organisé en hypothèse, que nous présumons avoir approfondie, en particulier par l’exploration de la clinique du corps.

Celle-ci a confirmé l’évanouissement progressif de la dimension subjective, jusqu’à parfois sa disparition radicale dans la clinique de la précarité. Cependant, en y regardant de plus près, le psychisme restait présent par les pseudopodes lancés dans les autres sphères. Boris, Arnaud et Amina nous ont permis de l’apercevoir enfermé, mais pas encore tout à fait recouvert.

C’est que pour les autres, il s’était réellement terré, afin de ne plus être exposé aux rappels des empiétements. La proposition d’une défense en creux semble ainsi validée.

L’équivalence inverse des mouvements de projection/incorporation paraît discutable: Le processus de périphérisation, mouvement centrifuge, renvoie certainement à un mécanisme de défense, mais il paraît ne plus seulement relever d’une intention protectrice, puisqu’il organise aussi une issue pour le futur, même fort improbable; toutefois il existe une logique paradoxale centripète, qui semble quant à elle ne s’inscrire que dans la défense par éloignement, par enfouissement des perceptions préalables à la constitution des affects. Cette distance passerait par un empilement de strates internes, visant à dissoudre la subjectivité du sujet, sous des investissements de niveaux de plus en plus extériorisés.

En somme, avec le temps et la chronicisation des troubles, l’espace psychique enfoui se diluerait en périphérie. A ce niveau le plus proche des affects en devenir, on pourrait envisager que le danger de les rencontrer soit plus important; c’est pourquoi, l’enfouissement tend exclusivement à protéger le sujet des résurgences possibles de l’état agonistique.