3.3. Hypothèse centrale.

En cette fin de travail, les sous-parties qui explicitaient l’hypothèse centrale ont été suffisamment explorées, pour nous permettre d’aboutir à une vérification partielle de cette dernière. En effet, en reprenant les mots-clés que nous en avions extrait, nous constatons qu’ils restent appropriés à nos conclusions. La nuance principale que nous soumettons au lecteur est celle de la trop grande univocité de la proposition d’issue défensive hors de l’empiétement. Nous suggérons d’insister davantage sur l’aspect progrédient du «choix» subjectif de l’indéterminé, en tant qu’il ne se contente pas de répéter l’expérience inélaborée, mais qu’il tente de l’organiser ailleurs que dans la sphère psychique.

C’est pourquoi nous regrouperons les deux entrées de l’hypothèse centrale, en un mouvement de traitement des empiétements précoces par leur rajeunissement dans l’ici et le maintenant; dans le jeu actuel en effet, répétant le rôle comme un acteur, le sujet nuance et transforme la scène en fonction du partenaire. Ce dernier joue la même pièce, mais sa fonction de double, de miroir sensoriel et concret, peut ouvrir une potentialité de modification subtile, discrète, inaperçue; ni lui ni l’acteur principal ne savent, au début des répétitions, ce qu’il adviendra du jeu, ni même si la pièce sera vraiment représentée un jour. Cependant l’espoir les fait répéter «quand même»; car si après quelques essais, éventuellement avec des partenaires différents, le jeu ne s’organisait pas, on peut craindre que le sujet soit irrémédiablement perdu au lien, à l’espace et à lui-même.

Le vagabond psychique cherche à se raccorder à l’éblouissement de la sensation perdue; la regagnant, il réinventera le temps, la métaphore, le poème de son histoire.

C’est ainsi que le «précaire» peut espérer, un jour, découvrir sa propre représentation des empiétements précoces subséquents aux traumatismes de l’histoire familiale…S’il trouve le souffleur adapté qui saura lui faire entendre les mots perdus dans les oubliettes de sa mémoire sensitive, celle qui s’ancre dans les profondeurs du lien.

Mais qui autorisera le souffleur à chercher avec lui et à cueillir ses mots?