Troisième partie : mise-en-scene extérieure et attention intérieure

Chapitre 1 : La mise-en-scène (mizanscena) : théorie et pratique

Pour rendre compte de la cohérence plastique et spatiale de l’utilisation de la peinture par Knebel, je m’appuie sur deux éléments : la théorie de la « mise-en-scène », telle que la propose Alexeï Popov, dans son livre La Totalité artistique du spectacle, et le chapitre sur l’attention scénique dans Le Travail de l’acteur sur soi de Stanislavski. Pour la théorie de la « mise-en-scène », toujours comprise comme dessin des déplacements de l’acteur sur scène et aspect visuel, dynamique du spectacle, outre l’apport d’Alexeï Popov, je me fonde sur la description de ma propre expérience pédagogique avec Anatoli Vassiliev à l’Ensatt à Lyon en 2004-2005. Vassiliev y a réalisé un exercice pédagogique, déjà conçu et pratiqué en 1991, qui s’intitule Platon-Magritte. Je le décrirai dans ses grandes lignes et dans ses intentions pédagogiques. C’est un exemple récent d’utilisation des exercices de peinture dans la formation à la mise en scène avec des goûts et une finalité esthétique en partie différente, mais un fonds théorique largement partagé avec ses maîtres : Knebel et Popov-fils 165 .

Notes
165.

Si Vassiliev a été durant quatre ans l’élève de Maria Knebel, personnalité à qui il reste très attaché, il a aussi été l’élève d’Andreï Popov, fils d’Alexeï, très grand acteur russe, pédagogue. Andreï Popov hérite largement des présupposés théoriques et des habitudes de travail de son père. Il meurt en 1983 alors qu’il répète le rôle du roi Lear dans une mise en scène non réalisée d’Anatoli Vassiliev.