Textes

Les principaux personnages fictifs du système de Stanislavski
(Travail de l’acteur sur soi et Travail sur le rôle)

  • Nazvanov, narrateur du Travail de l’acteur sur soi et du Travail sur le rôle. A l’origine sténodactylo, il s’engage dans le théâtre. Au spectacle de présentation, il joue le rôle d’Othello. Le moment de son jeu où il crie « Du sang ! Iago, du sang » est pris par Tortsov, comme exemple du théâtre de la vie éprouvée, pereživanie. Tout le traité est censé être constitué des notes, au jour le jour, de son journal et donc être compris selon son point de vue. Son contact avec Tortsov est quasi filial.
  • Tortsov Arkadi Nikolaïevitch est le pédagogue principal des élèves. Metteur en scène, pédagogue, acteur, théoricien, il est l’alter ego de Stanislavski (dans la maturité) qui livre la théorie, produit des expériences inattendues, explique et exemplifie les difficultés. A l’origine son nom était Tvortsov (racine tvorit’ = créer). Pédagogue par nature, il joue sans cesse de surprises, prenant au piège les élèves pour mieux mettre en lumière les points importants.
  • Rakhmanov Ivan Platonovitch est l’assistant de Tortsov dont le rôle est censé être très important dans la formation puisque c’est lui qui assure les exercices, les cours d’entraînement (training et muštra = dressage). Il accompagne donc Tortsov, comme son double ou son ombre, mais parfois (comme au chapitre V) apparaît seul. Le partage qui est donné à la fin de ce chapitre attribue la théorie de l’art à Tortsov et les exercices d’application à Ivan Platonovitch. L’attitude des élèves et de Nazvanov à son égard est ironique, ils l’appellent « notre cher Ivan Platonovitch ». Il est présenté comme un original, sans cesse en quête de nouvelles idées ou de nouveaux moyens de mettre en pratique les éléments enseignés par Tortsov. En tant que double de Stanislavski, l’on pourrait penser à Nemirovitch-Dantchenko comme modèle, mais c’est plutôt à Soulerjitski, compagnon de Stanislavski au Premier Studio et dans l’élaboration du système que Rakhmanov fait penser.
  • Choustov Pacha (Pavel), le meilleur ami de Nazvanov, son compagnon de jeu, qui joue avec lui Iago pour le spectacle de présentation au début du livre. Il est caractérisé, au deuxième chapitre, comme acteur de la représentation. Son oncle est un acteur célèbre, lié au Théâtre de Tortsov. C’est avec lui que Tortsov fait les expériences portant sur l’imagination au chapitre IV.
  • Maloletkova est aussi une actrice du pereživanie, comme Nazvanov avec qui elle partage le privilège d’être prise en exemple comme représentante de ce courant artistique de l’art de l’acteur. Elle joue une scène qui pourrait être tirée de La Dame aux camélias. Elle dévale un escalier en criant « Au secours, au secours ! ». Au chapitre III, consacré aux circonstances proposées, c’est elle qui fait l’expérience du début de l’enseignement, à travers l’expérience scénique. Elle cherche une broche dans le rideau, reste assise sans rien faire, joue avec Tortsov. Elle est caractérisée par une peur bleue de la scène qui la domine et par une grande spontanéité. Dans ce chapitre, les élèves se retrouvent, rideau fermé, dans un appartement fait à partir d’éléments de décor de théâtre qui est supposé être le sien. Elle pend la crémaillère de son appartement lorsque l’on apprend que le précédent occupant de l’appartement, devenu fou, vient de s’échapper de l’asile psychiatrique et se trouve derrière la porte. C’est l’étude du fou, la première étude collective des élèves. L’appartement et la scène dans ce décor seront fréquemment appelés « salon de Maloletkova » ou « appartement de Maloletkova ».
  • Pouchtchine, gros et débonnaire, joue Salieri au spectacle de présentation, il est proche de Nazvanov et de Choustov. Il vient voir Nazvanov, la veille du spectacle de présentation et donne une analyse touchante de la souffrance d’Othello. Il est comique lorsqu’il fait les exercices du cerceau (qui figurent les cercles de l’attention) au chapitre Vet les exercices de décontraction musculaire au chapitre VI.
  • Veliaminova actrice qui pratique « l’exploitation de l’art », selon les catégories définies au chapitre II, use et abuse de ses charmes féminins. Elle joue le rôle de Catherine dans La Mégère apprivoisée de Shakespeare, mais ses inquiétudes avant d’entrer en scène, dans sa loge, vont à son costume plutôt qu’à son rôle (chapitre V). Elle est séductrice, montre ses « petits pieds et ses petites mains ». Elle sait aussi, dans le chapitre sur les adaptations, jouer de ses charmes en conformité au but fixé.
  • Govorkov est acteur de l’artisanat scénique dans les catégorisations de Tortsov du chapitre II, c’est-à-dire acteur des clichés théâtraux. Il utilise son savoir-faire qui se manifeste par des cris, des poses tragiques. C’est l’éternel contradicteur de Tortsov qui pinaille sur chacun des points avancés par Tortsov, forçant ce dernier à se justifier, à préciser sa théorie ou à sortir de ses gonds, comme dans le chapitre VIII sur le sentiment de la vérité et la foi. Govorkov a visiblement des penchants symbolistes, il reste le même, rideau ouvert ou rideau fermé (V, 1)
  • Viountsov est caractérisé par Tortsov comme acteur de la contorsion (lomanie) au chapitre II, c’est-à-dire des clichés sans l’artisanat, comme pur dilettantisme. Acteur adroit et agile, dans le chapitre sur les adaptations scéniques (inventions de jeu), il trompe tout le monde en feignant de se tordre le pied, il pratique souvent le jeu, la clownade et manie les trucs scéniques. Il fait preuve d’une certaine naïveté, demandant souvent des explications à Tortsov, effrayé par les termes complexes que celui-ci met en usage.
  • Dymkova et Oumnovykh jouent souvent ensemble la scène de Brand et Agnès dans Brand d’Ibsen. Ils sont pâles, le visage tendu, les yeux fixes, d’humeur symboliste. Dymkova a une prédilection pour la scène des langes à l’acte IV de la pièce d’Ibsen, dans laquelle une mère, Agnès, garde les reliques de son enfant mort avant de les donner. Le dernier chapitre de la première partie révèle que sa prédilection pour les scènes ayant pour sujet les enfants perdus a des explications personnelles, elle-même ayant perdu un enfant en bas âge.
  • Vesselovski, élève sans caractéristique particulière