Pour développer et vérifier nos hypothèses, nous nous proposons d’analyser les articulations et les points centraux du système de représentations constitué par la guerre et les glissements de sens dans la transposition de la guerre dans le discours économique français.
1. Notre premier corpus comporte deux ouvrages : De la guerre économique (1990) de P. D’Arcole 12 et La guerre économique 13 (1991) qui représentent, selon nous, l’expression d’un intérêt général français pour les problématiques économiques et une sensibilisation de la France aux mutations de l’économie mondiale.
L’analyse de ce corpus se propose de mettre en évidence les éléments sémantiques récurrents qui constituent le champ sémantique de la guerre économique.
2. Le deuxième corpus est formé des articles comportant l’expression exacte « guerre économique » parus dans le quotidien économique Les Echos entre 1991 et 2004. Il s’agit cette fois, d’un côté de faire apparaître les différents sens dans lequels est utilisée l’expression « guerre économique » et ses fonctions discursives et, de l’autre côté, d’identifier le rôle du discours des médias dans la cristallisation du paradigme de la guerre économique.
Ainsi, nous avons observé dans ces articles que l’expression « guerre économique » remplit différentes fonctions à l’intérieur de chaque article : référence à un contexte pour un événement, mode d’intelligibilité d’un fait économique définit comme séquence de la guerre économique ou sujet principal de l’article.
3. Le troisième corpus comporte des articles parus dans le quotidien Le Monde : concernant le conflit au Kosovo (entre janvier et mars 1999) et l’Offre Publique d’Achat lancée par le groupe Mittal Steel contre le groupe Arcelor (entre janvier et août 2006).
La comparaison de ces deux corpus nous permet d’identifier les éléments de la mise en scène médiatique de la guerre et la manière dont ce système de représentation est mis en oeuvre dans le domaine économique.
Fondée sur le couple de représentations risque/menace, la guerre économique est désormais une expression sémiotique de la mondialisation. Elle peut conforter un discours (dominant) de type néolibéral en présentant la guerre dans l’économique comme un état et non pas plus seulement comme une action.
Elle peut également constituer une remise en cause des états comme régulateur économique et comme légitimateur de la violence. La transformation de la guerre économique en événement, par le discours des médias, assure une nouvelle visibilité au politique et à l’économie et met en scène des acteurs – états, entreprises – qui possèdent le pouvoir de mener de véritables guerres, y compris dans le champ de l’économie.
P. d’ARCOLE - De la guerre économique, Hachette, 1990
ESAMBERT, Bernard – La guerre économique mondiale, Olivier Orban, 1991