2.1.3. Le « darwinisme économique »

La conception keynésienne est prédominante jusqu’au premier choc pétrolier au début des années 70. Un retour du libéralisme – dans une forme plus violente et dans ce sens il est intéressant de remarquer que si jusqu’à maintenant nous parlons des doctrines économiques, le néo-libéralisme se présente comme une « révolution » – remet en question non pas uniquement le rôle économique de l’Etat, mais l’existence même de l’Etat-nation.

L’expression « darwinisme économique » est une manière de prendre position contre cette tendance. I. Ramonet centre ses critiques sur la violence de la concurrence dans un monde économique réglé par la « main invisible » du marché.

‘«Au premier rang des nouvelles valeurs : le profit, les bénéfices, la rentabilité, la concurrence, la compétitivité. Les « lois» du marché succèdent aux lois de la nature ou de l'histoire, comme explications générales du mouvement des sociétés. Là aussi, seuls les plus forts l'emportent en toute légitimité. Darwinisme économique et darwinisme social (appels constants à la compétition à la sélection, à l'adaptation s'imposent comme allant de soi). » 103

Aujourd’hui le capitalisme financier semble devenir plus important que le capitalisme industriel et nous parlons même d’une « crise du capitalisme » 104 . Cette crise repose principalement sur la séparation du capital et de la production, de l’activité économique. Le capital devient une valeur qui ne repose plus sur sa dimension réelle (l’activité), mais sur l’imaginaire (les cours des marchés financiers).

Avec le combat idéologique entre keynésiennes et néo-libérales, l’économie s’installe durablement dans un paradigme de la guerre. Expression des rapports entre économie et pouvoir, de la nature violente de la concurrence, de l’absence de régulation et de crise, le domaine économique semble se penser désormais comme une articulation entre un état naturel de « guerre de tous contre tous » (Hobbes) et la guerre comme utilisation stratégique de moyens (Clausewitz).

Notes
103.

RAMONET, Ignatio - Nouveaux pouvoirs, nouveaux maîtres du monde, Les grandes conférences, Fidès, Montréal, 1996, p. 9

104.

Pour les questions de transformation du capitalisme aujourd’hui et sa forme « financière » voir également COHEN, Elie – Le nouvel âge du capitalisme : bulles, krach et rebonds, éd. Fayard, Paris, 2005