Conclusions

Domaine porteur des formes particulières de confrontation, l’économie peut être ainsi définie comme forme de représentation de la puissance. Les doctrines économiques, le fonctionnement de l’économie et les représentations de celle-ci inscrivent l’action des acteurs économiques dans des stratégies de puissance.

Le cas particulier de la guerre froide est une illustration des rapports entre doctrine économique, militaire et politique. On considère que pendant la guerre froide l’économie occidentale est influencée par la nécessité de s’opposer à la doctrine économique marxiste-léniniste et que le néolibéralisme est possible uniquement après la disparition du contrepoids que représente l’économie centralisée. De plus, les analyses économiques soutiennent l’idée que l’effondrement du communisme est en grande partie du à la faiblesse économique du système : d’un côté l’échec de la politique économique mise en place et de l’autre le budget militaire soviétique qui reste à un moment donné loin dernière le budget militaire américain. Ainsi, l’idéologie se pense en rapport avec l’orientation politique générale d’un pays ou d’un système qui va également influencer ses choix économiques et militaires.

Il nous semble également important de souligner dans le contexte que le projet européen – l’Union européenne monte en puissance en pleine Guerre froide – est, au départ, un projet économique. Nous somme ici devant un exemple qui illustre bien l’importance de l’économie dans le politique.

Cependant, pour pouvoir parler d’un paradigme de la guerre économique comme transposition de la guerre dans le domaine économique, il faut penser l’économie dans les rapports entre singulier et collectif, dans les rapports entre la dimension privée et celle publique de l’économie. Il nous semble que c’est l’articulation entre le travail et le désir qui fait de l’économie une forme de médiation et qui nous permettra de penser le caractère collectif de la guerre économique, inversement de sujets singuliers qui peuvent être les « soldats » ou les « victimes » de cette guerre.