Un composé est coordinatif si la relation sémantique entre ses composants est coordinative, ou, en creux, non subordinative. Ce lien est facilement identifiable quand la coordination est de type syndétique, car tout composé X AND Y est par essence coordinatif. La coordination asyndétique — c’est-à-dire l’absence au plan formel d’un coordonnant entre les composants — est, elle, plus délicate à cerner, car rien en anglais ne différencie formellement les composés X.Y coordinatifs et subordinatifs 57 . Cette indistinction n’a pas de caractère universel, car, dans certaines langues, la morpho-phonologie de la composition coordinative diffère de celle de la composition subor-dinative. Kim (2001) note que divers phénomènes de sandhi sont attestés sur les seuls composés subordinatifs : en coréen, la tension de l’attaque consonantique du composant droit et l’insertion d’une consonne entre les composants n’apparaissent qu’à l’intérieur d’un composé subordinatif ; en japonais, le rendaku, c’est-à-dire le voisement de l’attaque consonantique du composant droit, est, lui aussi, limité à la composition subordinative ; en malayalam, la gémination de la consonne finale du composant gauche ou de la consonne initiale du composant droit ne concerne également que les composés subordinatifs.
Deux conditions nécessaires d’appartenance à la catégorie des composés coordi-natifs, qui sont probablement universelles, permettent d’opérer un premier tri. D’un point de vue lexicologique, un composé coordinatif est constitué d’éléments appartenant à la même catégorie lexicale, et d’un point de vue cognitif, l’assemblage doit respecter ce qu’Olsen (2002, 2004) appelle le principe de cohérence ontologique (angl. principle of ontological coherence). Il est en effet impossible d’associer sur un pied d’égalité des concepts appartenant à des catégories ontologiques différentes (la lecture coordinative d’assemblages tels que school murder ou music bar est aberrante, car ces composés associent une entité concrète et une entité abstraite). Ces conditions ne sont cependant pas suffisantes pour délimiter la classe des composés coordinatifs, et diverses méthodes de désambiguïsation doivent donc être envisagées.
Les schémas accentuels prototypiques sont différents, mais l’accentuation des composés coordinatifs asyndétiques est sujette à de grandes variations. Voir infra, Ch. 6.