Les composés additionnels collectifs

Certains composés coordinatifs ont la particularité de répondre négativement au test d’additionnalité quand les composants sont au singulier, mais d’y répondre positi-vement quand ceux-ci sont pluralisés :

‘*An Anglo-Saxon is an Angle plus a Saxon.
Anglo-Saxons are Angles plus Saxons.’

L’additionnalité n’a lieu qu’entre deux unités collectives ; c’est pourquoi j’utilise le terme composé additionnel collectif. La forme au singulier a, elle, un fonctionnement sémantique disjonctif (“An X.Y is either an X or a Y.”) :

An Anglo-Saxon is either an Angle or a Saxon.’

Gerund-participle, un néologisme forgé par Huddleston (2002:74-75), est, lui aussi, un composé additionnel collectif :

‘*A gerund-participle is a gerund plus a participle.
Gerund-participles are gerunds plus participles.
A gerund-participle is either a gerund or a participle.

Son extrait de naissance est, à ce titre, très éclairant :

“We coined this term precisely for the union of what is denoted by the traditional terms gerund and present participle because we do not believe the traditional distinction between them is sound: in saying that such and such a form is a gerund-participle, therefore, we are not saying that it is simultaneously a gerund and a participle, but that it belongs to a single category covering both traditional ones.”(Bauer & Huddleston 2002:1648)’

En français, équatif-analogique, un nom composé désadjectival forgé par Arnaud (2002:5), s’analyse de manière identique dans son contexte d’origine :

‘“Étant donné la grande proximité sémantique du type de détermination des composés équatifs et des analogiques, on peut les regrouper dans la catégorie des équatifs-analogiques.”’

Wälchli (2005:151) définit les composés alternatifs par la relation “C is A or B.”, et fournit deux exemples au fonctionnement proche de celui des composés ci-dessus : en oudmourte, une langue ouralienne de Russie centrale, nyl-pi, littéralement “garçon-fille”, signifie soit “enfant” (c’est-à-dire “garçon ou fille”), soit “garçon(s) et fille(s)” ; en sentani, une langue papoue d’Indonésie, do-mijɛ, littéralement “homme-femme”, signifie “être humain” (c’est-à-dire “homme ou femme”), et aussi “homme(s) et femme(s)”. Deux différences avec l’anglais et le français doivent cependant être soulignées : primo, l’oudmourte et le sentani ne semblent pas posséder de forme fléchie marquant le pluriel ; secundo, alors qu’en anglais et en français, le composé X.Y renvoie à la totalité de la classe des X et de celle des Y, en oudmourte et en sentani, le composé X.Y renvoie à un nombre indéterminé de membres de la classe des X et de la classe des Y.