Trois catégories sémantiques sont recensées au sein de la classe des composés coordinatifs biverbaux : les composés asimultanés, les composés simultanés et les composés disjonctifs. La relation de succession temporelle à l’intérieur d’un composé X.Y est identifiable grâce à la glose “To X and then to Y”. Elle est présente dans trois composés verbaux du corpus : drop-kick, freeze-dry et tie-dye. Sept composés adjectivaux déverbaux asimultanés sont aussi répertoriés :
cook-chill | push-pull | roll-on roll-off | stop-start |
fly-drive | read-write | stop-go |
Un huitième composé, drink-drive, mérite mention. Il est cité par Plag (2003), mais n’a pas été inclus dans la liste ci-dessus, car il n’est répertorié dans aucun des dictionnaires que j’ai consultés. Son emploi adjectival est pourtant clairement attesté en corpus ; on le rencontre par exemple à 44 reprises dans le BNC :
‘“Government figures show that 10,000 people have died in drink-drive accidents in the past 10 years.” (A8X 950)’ ‘“Swales, who was twice over the drink-drive limit, zig-zagged his Capri around the half-barrier at 70mph —; straight into the path of a train.” (CH2 1290)’Quatre de ces sept composés déverbaux sont caractérisés par une relation antonymique entre les composants (push-pull, roll-on roll-off, stop-go, stop-start), avec, dans trois cas (push-pull, stop-go, stop-start), l’ajout d’une valeur itérative, laquelle donne au composé un sens alternatif (“To X and to Y alternatively.”). Quatre de ces composés sont aussi répertoriés en tant que substantifs :
‘ cook-chill < cook-chill method (WNMDE)La relation de simultanéité est complémentaire de celle d’asimultanéité. Elle correspond à la glose “To X and to Y at the same time.”. Cinq composés verbaux répondent à ce schéma, dive-bomb, scrunch-dry, sleep-walk, stir-fry, strip-search, auxquels il convient d’ajouter deux composés adjectivaux, win-win et work-study. D’autres composés biverbaux ont la particularité d’associer des composants entrant dans une relation disjonctive (X.Y = X or Y). Deux composés déverbaux sont répertoriés, le substantif lend-lease et l’adjectif pass-fail. Un autre exemple, non répertorié, est le verbe drop/add ; son sens est “drop and/or add”, c’est-à-dire une relation de type conjonctif-disjonctif :
‘“They’re allowed to drop-add classes; you can’t set the rollbook until mid-October.”, Change and Effectiveness in Schools — A Cultural Perspective, Rossman, Corbett & Firestone (ed.), 1998, SUNY Press, p. 88.’ ‘ “Graduate and undergraduate students who want to drop/add a course must contact their Advisor in the Financial Aid / Advisement Office for assistance.” (Google)’ ‘ “We were encouraged to see that 67 % of the students who registered or dropped/added classes since August 1 used the Web registration system.”(Google)’L’existence d’une relation sémantique interne de type hybride (“X.Ying is halfway between Xing and Ying.”) n’est pas attestée en anglais, mais cette possibilité est cognitivement recevable, car c’est une interprétation attestée dans d’autres langues. Les composés déverbaux dormi.veglia en italien et duerme.vela en espagnol (“dort.veille”) désignent un état somnolent intermédiaire entre sommeil et éveil. Un autre exemple d’hybridité biverbale est relevé en sie, une langue austronésienne de Vanuatu : le composé avan alou, littéralement “marcher courir”, signifie “se déplacer à une vitesse intermédiaire entre marche et course” (Crowley 1998:141) 140 .
Cité par Bauer (à paraître b).