Les amalgames coordinatifs peuvent aussi être classés selon la catégorie sémantique à laquelle ils appartiennent. Le corpus de 117 composés amalgamés pluri-nominaux 173 est alors scindé en cinq sous-ensembles inégaux, comme le montre le Tableau 15 :
relation hybride | 58 % |
relation additionnelle | 24 % |
relation polyvalente | 11 % |
relation tautologique | 3,5 % |
autres cas | 3,5 % |
total | 100 % |
L’ensemble le plus fourni rassemble les amalgames hybrides ; il comprend 68 unités :
alcopop
alnico
amatol
Amerasian
ammonal
aprium
atemoya
ballute
beefalo
Braford
Brangus
broccoflower
brunch
Cablinasian
cattalo
cermet
Charbray
Chromel
chuman / humanzee
citrange
cockapoo
coltan
coopetition
cosmeceutical
coydog
docusoap
dramedy
edutainment
faction
Galinstan
geep
glasphalt
heliox
infotainment / docutainment
jackalope
leopon
liger
magalogue
Morab
napalm
Nichrome
osmiridium
peekapoo
plumcot
pluot
polocrosse
pomato
quarab
rallycross
shoat
siabon
sial
sialma
sima
skort
smaze
smog
soca
Spanglish
tangelo
tangor
tech-house
tiglon / tigon
yakow
zebrass
zedonk / zonkey
Viennent ensuite les amalgames additionnels, au nombre de 28 :
adenosine
agitprop
altazimuth
Benelux
bulimarexia
compander
Eurasia
fen-phen
frings
humiture
Khoisan
kidult
mim-mem
nicad
ob-gyn
Oxbridge
pro-am
Quechumaran
redox
semantax
Senegambia
slumpflation
stagflation
tankini
turducken
twinight
vortac
Wintel
Trois amalgames ont la particularité d’être des composés dénominaux adjectivaux (kidult, pro-am et twinight), trois autres celle d’être métonymiques (altazimuth est conceptuellement équivalent à altitude-azimuth instrument, humiture à humidity-temperature measurement, et nicad à nickel-cadmium battery). Le troisième ensemble regroupe les treize amalgames polyvalents :
cafetorium
cafegymnatorium
/ gymnacafetorium
codec
droodle
elerudder / ruddevator
elevon
gymnatorium
modem
ob-gyn
plench
Spork
transceiver
voltammeter
Pour compléter le tableau, sont relevés quatre composés tautologiques (doohickey, hokum, ruckus et wuss) et quatre composés qui ne rentrent dans aucune des catégories ci-dessus : Delmarva et Texarkana désignent des entités qui se trouvent au point de contact entre les espaces désignés par les composants 174 ; morphosyntax renvoie à l’intersection des ensembles morphology et syntax 175 ; Republicrat se distingue, lui, par son pluriel polysémique. Cet amalgame désigne soit des personnes aux idées centristes, situées au point de contact ou d’intersection entre les ensembles Republicans et Democrats, soit l’ensemble des démocrates et des républicains, les deux partis étant alors considérés comme bonnet blanc et blanc bonnet :
‘“In the world of politics, this country basically has two parties, Democrats and Republicans. This would seem simple, except that as I talk to individual people, it seems most of us are “Demolicans” or “ Republicrats ”, as no one seems to hold all the ideals of either party, but a varied combination of both.” Memoirs of a Sleepless Mind — Why Are There Left-Handed Water Fountains?, de J. Danton Smith, 2003, iUniverse, p. 1.’ ‘“His platform is essentially anti-UN, anti-immigration, anti-world trade, anti-abortion and anti-“ Republicrats ”, as he now calls the two main parties.” Duncan Campbell, The Guardian, 3 octobre 2000.’Les 21 composés amalgamés coordinatifs bi-adjectivaux se répartissent inégalement en deux sous-catégories. Une très large majorité — dix-huit unités, dont deux composés nominaux, balun et Populuxe — est de type additionnel :
alphameric
alphanumeric
ascared
balun
bodacious
Can-Am
fantabulous
ginormous
humongous
Instamatic
lesbigay
mingy
Populuxe
prissy
slimsy
tragicomic
vibronic
weeny
La relation tautologique, qui est un cas particulier d’additionnalité, est fortement représentée, avec sept unités : ascared, bodacious, fantabulous, ginormous, humongous, mingy et weeny. Les trois adjectifs restants, Jacobethan, rurban et Tex-Mex / Texican, sont, eux, hybrides. L’interprétation hybride et l’interprétation additionnelle sont parfois amenées à cohabiter. Jacobethan est répertorié dans un sens hybride (il est alors lié au domaine de l’architecture), mais il est aussi attesté dans un sens additionnel, pour désigner la période historique englobant les règnes de Jacques I et d’Elizabeth I :
‘“The occasional result of combining [Jacobean] features with an Elizabethan motif has been slyly called Jacobethan.”, American Houses: A Field Guide to the Architecture of the Home, de Gerald Foster, 2004, Houghton Mifflin, p. 378.’ ‘“English literature during the reign of James I (1603-25) is properly called Jacobean. But, insofar as 16 th -century themes and patterns were carried over into the 17 th century, the writing is sometimes referred to as ‘ Jacobethan ’.”, Merriam-Webster’s Encyclopedia of Literature, 1995, Merriam-Webster, p. 373.’ ‘“The blend Jacobethan , coined in 1933 by the English poet John Betjeman, is sometimes used to cover shared aspects of both the Elizabethan and Jacobean periods.”, The Oxford Companion to the English Language, Tom McArthur (ed.), 1992, Oxford University Press, p. 539.’ ‘“Perhaps we can even highlight the considerable amount of common ground between their two reigns by using the term ‘ Jacobethan ’ to describe this period.”, Constitutional Royalism and the Search for Settlement, c. 1640-1649, de David L. Smith, 2002, Cambridge University Press, p. 24.’Les amalgames biverbaux sont au nombre de dix : sept sont tautologiques (chillax, frizzle, meld, pootle, splatter, squiggle et twiddle), deux sont simultanés (chortle et dumbfound), et le dernier, ro-ro, est un amalgame adjectival déverbal asimultané.
Ob-gyn apparaît deux fois du fait de sa bisémie.
La même construction (aux niveaux formel et sémantique) est attestée en espagnol : Bolpebra (< Bolivia + Perú + Brasil) est une bourgade située à l’intersection des trois frontières nationales (Casado Velarde 1999:5088).
Ce sens est répertorié par Trask (1993). Morphosyntax a aussi un sens additionnel, comme le montre cette citation de Malkiel (1968) dans l’OEDO : “A few scholars have gone so far as to consolidate all of morphology and syntax into the single domain of ‘morphosyntax’, which forms the hard, inalienable kernel of linguistics.”