La contrainte d’interpénétration des signifiants

La contrainte d’interpénétration des signifiants a l’avantage de réduire la taille des fracto-bases tout en conservant un maximum de segments ; elle maximalise, elle aussi, les chances de reconnaissance des bases-sources. La contrainte est d’autant plus forte que le nombre de segments communs aux deux bases-sources est élevé. La présence d’un seul segment commun, même en position saillante, ne déclenche pas obligatoirement d’interpénétration : l’amalgamation de reduction et oxidation par exemple ne conduit pas aux formes °redation ou °oxiduction,bien que les bases-sources aient toutes deuxun segment d en position médiane qui constitue l’attaque conso-nantique simple de la syllabe accentuée. La contrainte devient cependant très forte dès que sont présents deux segments contigus communs. C’est elle qui explique la formation de l’amalgame planetesimal, lequel viole la syntaxe du syntagme sous-jacent infinitesimal planet : la suite phonémique /nɪt/ étant en fin de chaîne segmentale dans planet et en milieu de chaîne dans infinitesimal, la base-source planet se retrouve en première position dans l’amalgame. La contrainte d’interpénétration des signifiants n’est cependant pas absolue : si broccoliflower (< broccoli + cauliflower) est attesté, broccoflower est la seule forme répertoriée par les lexicographes ; de même, l’amal-game de mocha et de cappuccino est mochaccino, et non °mochappucino, celui de altitude et de azimuth altazimuth plutôt que °altimuth. Dans les deux premiers cas, la contrainte de similitude entre le nombre de syllabes de la deuxième base-source et celui de l’amalgame semble être la plus forte ; dans le troisième, c’est la contrainte de troncation minimale qui l’emporte.