L’idée qu’une contrainte métrique puisse jouer sur l’ordre des composants est mentionnée par Jespersen dans sa première édition de Growth and Structure of the English Language en 1905 200 : celle-ci est alors strictement liée à la loi de Panini, Jespersen expliquant que la séquence “monosyllabe-coordonnant-disyllabe” est privilé-giée, car elle permet une alternance accentuelle de type trochaïque 201 . McDonald, Bock et Kelly (1993) soulignent cependant que l’effet de la loi de Panini, qui veut que l’élément contenant le moins de syllabes se trouve en première position dans le binôme, est problématique dans la mesure où il n’est pas clairement dissocié des effets d’autres contraintes comme la contrainte de plus grande fréquence ou la contrainte métrique d’alternance entre accents forts et accents faibles, ou contrainte rythmique. Ils entreprennent donc de démontrer expérimentalement que la contrainte rythmique est, en soi, tendanciellement valide, et qu’elle l’emporte, toutes choses égales par ailleurs, sur la contrainte de longueur en syllabes. Partant d’un corpus de binômes librement construits associant un monosyllabe et un disyllabe, ils constatent que le schéma accentuel du disyllabe influe sur l'ordre des éléments : le disyllabe tend à être positionné en premier s’il possède un schéma iambique (ex. : surprise and sin est préféré à sin and surprise), et en second s’il possède un schéma trochaïque (ex. : sin and silence est préféré à silence and sin) 202 . La préférence va donc aux binômes qui respectent une alternance stricte entre syllabes accentuées et syllabes inaccentuées. McDonald et al. (op. cit.:222) précisent en conclusion que les effets de la contrainte métrique n’ont qu’une légère influence sur des binômes librement construits, mais que ceux-ci sont probablement plus marqués sur des binômes utilisés avec une grande fréquence.
Voir Abraham (1950:279-280) pour une discussion sur la position de Jespersen et celles de ses contradicteurs de l’époque.
De manière surprenante, Jespersen ne prend pas en compte l’existence, certes moins fréquente, des disyllabes à schéma accentuel iambique.
Cette contrainte n’est opérante que si la contrainte sémantique “animé avant inanimé” est neutralisée.