Deux contraintes sont applicables à l’ensemble des composés asyndétiques : la contrainte de plus grande sonorité, qui prédit que le segment final du premier composant, X, sera plus sonore que le segment initial du second composant, Y, et celle de plus grande différence de sonorité, qui prédit que la différence entre X et Y sera plus grande que celle entre Y et X. Pour tester ces deux contraintes, j’ai légèrement simplifié l’échelle de sonorité proposée par Carr (1999:72), ne retenant que sept niveaux 213 :
‘voyelles > approximantes > nasales > fricatives sonores > fricatives sourdes > occlusives sonores > occlusives sourdes’La contrainte de plus grande sonorité est testée sur 80 composés asyndétiques 214 : dans 32 cas, le segment final du premier composant est plus sonore que le segment initial du deuxième composant, dans 31 cas, c’est le contraire, et dans les dix-sept composés restants, il n’y a pas de différence de sonorité entre les deux segments en contact. La distribution est aléatoire, et la contrainte est donc invalidée. La contrainte de plus grande différence de sonorité est, elle aussi, testée sur 80 composés : dans quatorze cas, l’ordre X.Y correspond à une plus grande différence de sonorité, dans quinze autres, c’est le contraire, et dans les 51 composés restants, la différence est nulle. Les distributions entre gauche et droite sont donc aléatoires, ce qui invalide tout rôle des contraintes jouant au niveau du point de contact entre composants d’un assemblage asyndétique.
Carr distingue deux ensembles de voyelles — les voyelles ouvertes et fermées — dans son échelle, mais les voyelles centrales se situant dans un entre-deux, la classification s’avère quelquefois problématique. En conséquence, je regroupe ici l’ensemble des voyelles dans un seul ensemble.
N’ont pas été retenus les composés contenant une base liée initiale.