1. Le patrimoine comme problème public : entre revendications locales et décisions nationales

Analyser les configurations d’acteurs qui gèrent le patrimoine urbain à Lyon et à Québec lorsque les opportunités d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial apparaissent suppose de comprendre comment des catégories, en l’occurrence celles de patrimoine, sont construites dans l’histoire. Un bref retour sur la formalisation des patrimoines historiques comme problème public montre que les activités contemporaines portant sur le patrimoine sont historiquement situées et élaborées. Il pointe, en outre, les contraintes auxquelles ces activités sont soumises. De fait, le patrimoine historique devient un problème public, dans ces deux villes, suite aux confrontations entre différentes représentations des quartiers, puis à une action étatique (nationale pour Lyon et provinciale pour Québec) décisive. Mieux, l’analyse suivante révèle que les gouvernements français et québécois ne favorisent pas la formalisation d’un problème public selon les mêmes termes, ni selon la même acuité. Les temporalités sont également différentes. Les stratégies de protection du patrimoine se heurtent longuement, à Lyon, aux velléités municipales de développement urbain. A Québec, elles émergent nettement plus tard et sont essentiellement entravées par les ambitions touristiques d’acteurs économiques paramunicipaux.