Une procédure d’inscription auprès de l’Unesco est relativement complexe 305 . Le cadre institutionnel liant l’Unesco aux Etats rend obligatoire, sinon la participation, du moins le portage étatique des propositions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. De fait, les textes internationaux stipulent que les Etats contrôlent eux-mêmes les propositions d’inscription émanant de leur pays. Plus largement, les autorités étatiques jouent théoriquement un rôle de filtres, technique et politique, à travers l’élaboration d’une liste indicative remise régulièrement auprès des instances de l’Unesco. Etablies au sein des administrations étatiques responsables de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial 306 , ces listes indicatives établissement finalement une sorte de frontière entre les sites susceptibles d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial et les autres. Or l’arrondissement historique de Québec ne figure pas, au début des années quatre-vingt, sur la liste indicative du Canada ; le Vieux Lyon n’est pas non plus identifié par les agents du ministère de la Culture comme un futur bien du patrimoine mondial 307 . Les solutions de Régis Neyret et Jacques Dalibard sont toutefois relativement vite approuvées par les instances étatiques. Reste à comprendre comment ces validations étatiques sont obtenues et ce que la transgression de la liste indicative signifie.
Cette procédure sera présentée progressivement au cours de la démonstration (chapitres 1, 2, 3 et 4).
Ces listes indicatives sont établies par les services centraux du Ministère de la Culture en France et par ceux de Parcs Canada au Canada.
La liste indicative la plus récente avant la proposition d’inscription du Vieux Québec est réalisée en 1979 et 1980 par des agents de Parcs Canada (notamment quelques architectes). Cette liste comporte cependant essentiellement des sites relevant du patrimoine naturel. Pour Lyon, la liste indicative de référence est réalisée en 1995 par les agents de la Direction de l’architecture et du patrimoine. Ces Listes étaient, jusqu’au début des années 2000, revues plus ou moins régulièrement par les services de l’État.