Quand les « entrepreneurs politiques » souhaitent maîtriser le pilotage de l’action

Les décisions politiques sont peu suivies d’effet au sein des configurations d’acteurs gérant les patrimoines historiques lyonnais et québécois et ne bénéficient donc pas d’appuis techniques et scientifiques pour leur mise en œuvre. La section précédente a permis de souligner que ce fait résulte d’abord des décalages entre les représentations lyonnaise et québécoise de la procédure d’inscription et les politiques traditionnellement élaborées par les configurations d’acteurs dans ces deux villes. La diffusion très limitée du projet québécois invite toutefois à questionner également les actions des « entrepreneurs politiques ». De fait, ces derniers cherchent à minimiser les perturbations susceptibles de voir le jour. Leurs implications dans la mise en œuvre de l’action ont un double objectif : la légitimation de l’action et d’eux-mêmes, au plan local, et la constitution de méthodes facilitant l’adaptation aux normes internationales (cf. infra) et à la réalisation d’une action qu’ils ont contribué à qualifier et à situer en dehors des pratiques traditionnelles. Il ne s’agit pas ici de trop personnifier ces « entrepreneurs politiques », mais de rendre compte des difficultés locales d’adaptation à une procédure internationale remettant en outre en jeu des définitions stabilisées à travers des régulations entre État et municipalité. Ces « entrepreneurs politiques » s’attachent, en effet, à rendre visibles et lisibles pour les acteurs qu’ils estiment indispensables les contraintes et les modalités de l’action et à proposer une analyse rationnelle de la procédure. Leurs trajectoires socio-professionnelles ainsi que leurs degrés d’intégration au sein des scènes municipales expliquent, en partie, les distinctions des stratégies adoptées : un pilotage municipal à Lyon et une coopération inter-gouvernementale à Québec.