Les inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial sont validées lors de la réunion du Comité du patrimoine mondial et rendues publiques chaque année par l’Unesco. La publication de ces « décrets patrimoniaux » s’effectue en deux étapes entre lesquelles les représentants étatiques peuvent modifier les propositions qu’ils avaient préalablement déposées. Les membres du bureau du Comité du patrimoine mondial proposent en effet, avec les « experts » de l’Icomos, un avis auprès du Comité environ six mois avant la tenue de la réunion décisive 552 . Cet avis est rendu public et des informations complémentaires sont éventuellement demandées à certains pays entre la tenue des deux réunions. Les Etats, dont un site est proposé à l’inscription sur la Liste, sont ainsi informés de l’avis favorable ou non du bureau du Comité du patrimoine mondial. Dès lors, la proposition d’inscription devient un objet de relations diplomatiques entre gouvernements nationaux et Unesco. Le second temps correspond à la validation finale de l’inscription par les membres du Comité du patrimoine mondial. Lors des réunions du Comité du patrimoine mondial, les vingt et un pays élus par l’Assemblée générale pour être membres du Comité du patrimoine mondial, les agents du secrétariat du Centre du patrimoine mondial et enfin des représentants des organes consultatifs sont convoqués ; les délégations des pays signataires de la Convention le souhaitant peuvent y assister. Seuls les premiers ont droit de vote, les membres de toutes les délégations participent aux discussions et aux débats, les agents du Centre du patrimoine mondial, de même que les représentants des organes consultatifs de l’Unesco n’interviennent a priori que lorsqu’ils y sont invités. Les règles formelles de ces réunions établissent donc une première asymétrie, notamment entre les évaluateurs et les membres des délégations nationales. Les seconds sont bien les commanditaires des évaluations et sont liés aux premiers via un contrat dont ils maîtrisent les tenants et les aboutissants. Les réunions du bureau et du Comité se déroulent selon des protocoles et des pratiques relativement similaires : les participants disposent des dossiers de candidature et des fiches d’évaluation correspondant à chaque site ; les porte-parole des organes consultatifs présentent les éléments importants des fiches d’évaluations et leurs recommandations. Chaque délégué peut alors donner son avis, poser des questions et discuter de la qualité et de l’opportunité de valider ou non la proposition d’inscription et de suivre ou non les recommandations de l’Icomos international. De fait, à l’issue d’un tel processus de décision et malgré un certain nombre de recommandations défavorables de l’Icomos, très peu de propositions d’inscription sont refusées ou ajournées. Ce constat aux allures de paradoxe mérite d’être explicité.
Depuis 1996, le bureau du patrimoine mondial se réunit une seconde fois chaque année quelques semaines avant la tenue de la réunion du Comité du patrimoine mondial.