II. Site local, bien international

En revenant sur le travail opéré par les organismes internationaux lors du processus de décision, l’analyse précédente donne à voir des débats et des enjeux nationaux et internationaux autour des définitions du patrimoine mondial. Les propos d’agents de l’Unesco ou d’adhérents de l’Icomos cités précédemment laissent entendre que ces débats et ces enjeux préexistent aux procédures d’inscription, en même temps qu’ils s’en nourrissent. En revenant brièvement sur les origines de la Convention de 1972 et sur la manière dont la notion de patrimoine mondial est historiquement pensée, nous souhaitons insister sur les influences du contexte international et sur celles des objectifs initiaux dans l’émergence de cette notion ainsi que dans l’élaboration et dans la mise en œuvre de cette action internationale. En soulignant la volonté de « transnationaliser » les biens du patrimoine mondial, nous pointerons à la fois le rôle des savants du patrimoine dans la structuration de l’action internationale, la prégnance de représentations occidentalo-centrées dans les textes internationaux en même temps que de perpétuelles re-définitions de la notion et des pratiques qui y sont liées. Autrement dit, nous montrerons que ce qui est rapidement perçu comme un label international au plan local s’inscrit en fait dans une entreprise scientifique et politique d’envergure internationale qui crée des objets très particuliers 573 . Cette entreprise constitue en outre la raison d’être de l’Icomos international contribuant alors à situer les nouveaux objets dans un temps long.

Notes
573.

Voir par exemple les présentations des nouveaux sites dans la Revue du patrimoine mondial : Centre du patrimoine mondial, Revue du patrimoine mondial, Paris, Unesco, trimestriel ; Centre du patrimoine mondial, L'Héritage de l'humanité Splendeurs du patrimoine mondial, Paris, Editions Unesco Economica, 2004.